serait terminée, il faudrait faire quelque chose. Très vite l'occasion d'agir se présenta. A ma sortie d'hôpital, alors que j'attendais le retour de mes camarades, je publiai mon journal de guerre. Il parut sous le titre Dans les champs des PhiliHins. A ma grande surprise ce fut un succès. Mes droits d'auteur, additionnés au peu d'argent que nous avions pu réunir, nous permirent d'acheter un petit hebdomadaire inoffensif et moribond Idaolam Ha%eh (Ce Monde).

Depuis la Pâque 1950, Haolam Ha%eh eSt devenu une institution aussi unique en son genre qu'un kibboutz. On l'appelle aussi " un certain magazine " dans les milieux officiels qui se refusent à prononcer son nom. Sa formule j ournalistique tient autant de Foreign Affairs Quarterly que de Play-Boy. Ses chroniques pourraient être signées Walter Lippmann ou Louella Parsons. Il fait penser à Time et à Kamparts. C'eSt un journal très lu et que l'on dit hérétique. Boycotté par l'armée, il eSt très populaire parmi les officiers. DéteSté par le gouvernement, il eSt indispensable à tout homme politique qui veut savoir exactement ce qui se passe au gouvernement. Nous y menons le combat pour la séparation de la synagogue et de l'État. Nous y dénonçons la corruption. Nous réclamons la reconnaissance des droits civiques et une constitution (qui n'exiSte pas encore) Nous nous battons pour que la minorité arabe connaisse les mêmes droits que nous, et pour beaucoup d'autres choses encore. Mais dans l'esprit du public, notre journal reste surtout lié au combat pour la paix.

L'hiStoire de Haolam Ha^eh eSt aussi mouvementée qu'un mauvais film d'épouvante. De nombreuses personnes ont été blessées au cours de trois attentats contre ses bureaux; j'ai eu la main brisée dans une attaque de nuit contre les rédacteurs. Des milieux officiels ont suscité un boycottage économique qui, depuis des années, affeâe notre publicité. Enfin, nous sommes passés plusieurs fois devant les tribunaux, pour répondre à l'accusation de sédition, et nous avons toujours été acquittés.

Nous avions fortement protesté contre la guerre du Sinaï en 1956. Durant les hostilités, les rédaéteurs du Haolam Ha^eh avaient formé un groupe de combat idéologique, " Aâion sémitique Au bout d'une année de délibération et de mises au point, ils firent paraître le Manifefle hébreu. C'était un programme en 126 points,

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