attaquer le front jordanien où des bombardements avaient déjà commencé. Nous devions donner une belle impression de désordre. Les chars se mêlaient aux camions, ils côtoyaient les jeeps et les voitures d'officiers voisinaient avec les canons, tandis que la police militaire tentait de régler cette énorme circulation. C'était dans le plus pur Style israélien. Notre armée eSt composée d'hommes qui savent exactement ce qu'ils ont à faire et le font sans aucune discipline apparente.

Tous manifestaient un entrain proche de la gaîté. Après vingt et un jours de tension profonde, le pays éprouvait un immense soulagement. Les doutes et les angoisses des derniers jours étaient oubliés. Nulle trace d'inquiétude dans cette armée. Les hommes faisaient des grimaces et se criaient des plaisanteries d'un camion à l'autre. A chaque salut ils répondaient par le " V " de la vidtoire en écartant deux doigts de la main droite. Un jeune commandant de char me reconnut. Il leva la main en écartant trois doigts. C'était le signe sous lequel j'avais placé ma campagne électorale. Il signifie Chalom (Paix). Le geSte me parut symbolique. Ce jour-là, en Israël, tout le monde partait en guerre pour établir la paix.

Après avoir fait plusieurs détours dans Jérusalem, j'arrivai devant la Knesset. C'est un bâtiment neuf et d'une laideur impressionnante. Il a, de plus, cette particularité d'être le seul Parlement au monde situé à deux kilomètres de la ligne de front, et au moment où j'arrivai, il était sérieusement bombardé. La séance parlementaire eut lieu sous les obus. Elle ne fut pas longue. Juste le temps d'approuver le financement de cette guerre, et nous filions dans les abris. Nous y étions encore lorsqu'un de mes amis, confident du ministre, me chuchota que l'aviation ennemie était entièrement détruite. Nous avions craint une guerre longue avec des milliers et des milliers de vidtimes et brusquement c'était la viétoire-éclair. La guerre était terminée avant même d'avoir commencé. Notre inquiétude céda la place à l'enthousiasme.

Il n'eSt pas dans mon intention d'écrire l'hiStoire de la guerre. De nombreux livres ont déjà paru sur la question, et il s'en publiera sans doute beaucoup d'autres encore. Je voudrais montrer que la guerre était inévitable. Personne n'en voulait. Tout le monde a contribué à la provoquer comme si tous jouaient un rôle appris, et récitaient un texte écrit par quelqu'un d'autre. Chacun obéis¬

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