Le Premier Congrès sioniste avait réclamé un " home juif légalement assuré en Palestine ", c'eSt-à-dire garanti par une charte collective internationale, ou par une quelconque puissance mondiale. Herzl pensait que la tâche de sa vie serait d'obtenir cette charte. Ses successeurs pensèrent de même. La première personne à laquelle il fallait s'adresser était évidemment le sultan Abdel Hamid. Herzl tenta personnellement de le convaincre sans se soucier du fait que l'homme était haï de tous ses sujets arabes. En 1911, il se rendit à Constantinople où le sultan le reçut en qualité de journaliste. Au cours d'un entretien de deux heures, il offrit au sultan l'aide des Juifs du monde entier pour renflouer les finances turques en difficulté. Puis il rencontra plusieurs officiers ottomans de haut rang et leur réitéra sa proposition.

Constatant la vanité de ses efforts, il pensa s'adresser à l'empereur d'Allemagne qui était le meilleur allié des Turcs. L'Allemagne était alors à l'apogée de ses ambitions expansionnistes. Pour mener à bien sa poussée vers l'Est, le " Drang Nach OSten " et avoir une emprise au Moyen-Orient, elle envisageait la construction d'un chemin de fer Berlin-Bagdad. Dès 1895, Herzl avait écrit au chancelier du Reich Otto von Bismarck une lettre dans laquelle il lui disait: " Si mon projet eft prématuré, je le mets à la disposition du gouvernement allemand. Puisse-t-il le réaliser dès qu'il efiimera le moment propice. "

Le 2 novembre 1898, au cours d'un voyage en Turquie et en Terre sainte, le kaiser Guillaume II reçut Herzl près du village juif de Mikve Israël. Herzl demanda à l'empereur d'accorder sa protection à l'Organisation sioniste en Palestine et en Syrie. Sans se compromettre, Guillaume II jugea avec faveur les colonies allemandes et juives établies dans le pays. " Votre mouvement, dit-il, eft basé sur une idée saine. "

Que pouvait-on offrir de mieux à Guillaume II que cette communauté européenne établie à un carrefour de l'Orient, en avant-poSte des intérêts et de la culture germaniques? Herzl était convaincu que l'allemand serait la langue de la nouvelle communauté (il ne croyait pas à la résurreCtion de l'hébreu, miracle qui ne faisait pas partie du projet sioniste et prit corps seulement quand les nouveaux colons en Palestine, avides de suivre les traces de leurs ancêtres, en vinrent à rejeter leur langue maternelle et refusèrent de parler

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