devait le lancer en haute mer. Le sionisme devenait une force politique.

Le 2 novembre 1917, les sionistes atteignaient leur objeftif, cette charte qu'ils convoitaient: ce fut la déclaration Balfour, par laquelle le gouvernement de Sa Majesté britannique promettait d'établir un Home national juif en Palestine.

On a prêté de nombreuses arrière-pensées aux Anglais: le désir d'encourager les Juifs américains à pousser les États-Unis dans la guerre aux côtés des Alliés; l'espoir d'empêcher les Juifs russes de devenir bolcheviks; l'intention de récompenser le docteur Chaim Weizmànn pour services rendus et même leur attachement profond à la Bible.

Il y a peut-être du vrai dans tout cela. Mais la déclaration Balfour était plus simplement un pacte passé entre la Grande-Bretagne et le sionisme. Il fallait à la Grande-Bretagne une bonne raison morale pour conserver la Palestine, en dépit de ses engagements envers les Français et les Arabes. En effet, à la suite d'un accord passé entre le Français Georges-Picot et l'Anglais Sir Mark Sykes, la Syrie était allouée à la France tandis que l'Irak et la Transjordanie ainsi que la Palestine du Sud revenaient à la Grande-Bretagne. Le Nord et le Centre de la Palestine avec Jérusalem, Gaza et Haïfa, à l'exclusion de la baie de Haïfa, devaient constituer une zone internationale.

En février 1917, à la demande de Sir Mark Sykes, quelques dirigeants sionistes conduits par Nahoun Sokoloff rencontrèrent M. Georges-Picot et tentèrent de lui faire admettre l'inclusion de la Palestine dans la sphère britannique, ce qui aurait permis à la Grande-Bretagne de contenir l'influence française et de mettre la main sur la Transjordanie qui ouvrait un débouché au pétrole irakien.

Rien ne pouvait rendre le monde arabe plus amer que la déclaration Balfour. Aujourd'hui encore les Arabes voient en elle la trahison des promesses qu'on leur avaient faites. La déclaration Balfour les a convaincus qu'Israël était un produit de l'impérialisme. Ce qui eSt faux. Si l'Angleterre s'eSt servi des sionistes dans un but colonialiste, les sionistes, eux, se sont servis de l'Angleterre avec

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