obéirent à contrecœur. Au cours du procès, les Israéliens avaient eu une attitude extraordinaire de courage. Ils avaient dénoncé l'impérialisme et s'étaient définis comme des patriotes palestiniens sans se réclamer du sionisme.

Avant que le jury ne prononce la sentence, Eliahou Beth Zouri, l'un des deux accusés, avait pris la parole pour la dernière fois en ces termes: " Nous les Hébreux, nous sommes les fils de la terre d'Israël. Nous combattions déjà pour la Palestine avant la déclaration Balfour. Nous ne nous battons pas pour l'accomplissement de la déclaration Balfour. Nous nous battons pour la liberté. " Les jeunes Égyptiens qui conspiraient à l'époque pour chasser les Anglais d'Égypte, furent très impressionnés par cette prise de position. Parmi eux, il faut certainement compter Gamal Abdel Nasser.

Ces deux jeunes gens avaient agi sur l'ordre de 1 'lrgoun. Mais ils n'exprimaient pas l'opinion générale des partisans de Stem. Ceux-ci n'envisageaient certes pas la possibilité d'une alliance avec les Arabes pour combattre l'impérialisme. Convaincus qu'il ne fallait plus compter sur l'aide anglaise à l'avenir, ils étaient à la recherche d'un autre allié. Ils le trouvèrent. A partir de 1945, les États-Unis devinrent l'allié principal du sionisme. En 1947, l'Union soviétique devint aussi l'allié d'Israël, préférant l'existence d'un État Juif indépendant en Palestine à celle d'une base militaire anglaise, point de départ potentiel d'une agression dirigée contre elle. Mais cette deuxième alliance fut de courte durée. L'.O.N.U. décida le partage de la Palestine en deux États: l'un juif, l'autre arabe. L'État arabe, viètime des ambitions et des intrigues de ses voisins, ne vit jamais le jour. L'État juif fut imposé par la force et contre une intense opposition.

La création de l'État ne changea rien aux relations avec les Arabes qui ne cachaient pas leur intention d'en finir une fois pour toutes avec l'État juif et de libérer la PaleHine occupée. Contre cette menace toujours croissante, le gouvernement de Tel-Aviv consolida ses liens avec les États-Unis qui allaient devenir, malgré quelques interruptions, le faéteur dominant au Moyen-Orient. Cette politique connut une éclipse passagère lors de la crise de Suez et de l'alliance militaire avec la Prance. Le gouvernement français d'alors, s'imaginant que la guerre d'Algérie était téléguidée depuis Le Caire, avait décidé d'ouvrir un second front avec l'aide du gouvernement israélien, qui n'était que trop heureux d'utiliser les Français pour

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