orientaux) et enfin la population musulmane indigène, vivant dans les limites du nouvel État sans vraiment lui appartenir.

Les Croisés excellaient au jeu de la guerre, comme les Israéliens, sachant que leur sécurité résidait dans leur promptitude à résister à une attaque ennemie. Le royaume de la Croix, comme le royaume de l'Étoile de David, continua à s'étendre par la guerre, longtemps après s'être établi. A leur apogée, les Croisés contrôlaient un territoire bien supérieur à celui conquis par Israël après la guerre des Six jours. Il comprenait la totalité du bord de la mer au Liban et en Syrie, la Turquie de l'ÉSt et une partie des collines de Transjordanie.

De même que certains Israéliens ont tendance à se considérer comme l'élite qui consolide une forteresse défendant l'ensemble du peuple juif, tandis que les autres Juifs ne sont que des déserteurs, des embusqués, les Croisés se considéraient comme l'avant-garde de la chrétienté agissant et luttant pour tous les chrétiens du monde. La vive inquiétude ressentie par les Juifs du monde entier au cours de la guerre de 1967, fut un écho de l'inquiétude qui saisissait l'Europe chaque fois que le royaume de Jérusalem se trouvait en danger. Cette dépendance fut également économique. Longtemps avant que ne soit inventée la brèche dans la balance internationale des payements, le royaume de Jérusalem dépendait pour sa survie d'un flot continu de capital arrivé d'Europe sous forme de donations religieuses ou civiles, d'aumônes, de taxes de pèlerinage. Toute l'Europe était sommée d'entretenir les Croisés.

De même que les kibboutzim sont une création unique du sionisme, les grands ordres militaires ont été une invention authentique des Croisés. La similitude des deux installations eSt frappante. Les templiers et les chevaliers de l'Hôpital établirent leurs forteresses bien à l'intérieur du territoire égyptien. Et on trouve des kibboutzim sur l'emplacement même des ruines des châteaux des Croisés.

Autour du château fort, les Croisés créaient peu à peu une certaine forme de colonisation. Il semble même que certains villages aient joui d'une sorte d'organisation coopérative ressemblant aux moshavim israéliens modernes. Les ordres militaires éclipsaient progressivement le gouvernement du royaume; leur

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