qui se préparait ferait disparaître l'antisémitisme et les pogromes. Se sentir juif ne serait plus alors qu'un préjugé bourgeois. De leur côté les bundiStes (ainsi appelés parce qu'ils étaient membres de YArbeiter Bund - Ligue des travailleurs) étaient des socialistes qui pensaient que les Juifs, sans renoncer à leur identité, devaient lutter pour une société démocratique dans leurs propres pays d'origine, apportant ainsi à la question juive une solution une fois pour toutes. Enfin les sionistes prêchaient un évangile différent. Les Juifs n'avaient nulle place ailleurs qu'en Palestine. Il était bon pour eux d'être socialistes mais seulement sur leur terre historique. Pas plus le communisme que le socialisme ne réussirait à faire disparaître l'antisémitisme puisqu'il eSt le résultat inévitable de l'existence d'une minorité juive.

Ces trois doêlrines s'excluant mutuellement, les luttes étaient âpres, la compétition intense. Les jeunes Juifs dans la Russie tzariSte étaient les meilleures recrues de chaque mouvement révolutionnaire. Si l'un d'eux devenait sioniste, il était perdu pour le socialisme et vice versa. L'antagonisme entre ces deux mouvements alla bien au-delà d'une simple querelle de mots. Jusqu'aujourd'hui l'attitude de la Russie soviétique envers Israël reste influencée par la haine ancienne, enracinée dans la mentalité de la vieille Garde bolchevique et de ses adeptes. La même haine, frisant la pathologie parfois, se retrouve dans le camp des vieux sionistes. Quand la Russie se rangea du côté des Arabes pendant la guerre de 1967, des gens en Israël y virent confirmer leur conviêtion selon laquelle il y a unefvolonté soviétique délibérée de détruire Israël. Et Ben Gourion toute sa vie durant a partagé cette conviâion.

La synagogue de Plonsk était l'arène de toutes ces luttes à leurs débuts. Des sionistes, des bundiStes, des bolcheviks et bien d'autres encore s'y réunissaient pour prêcher et faire des adeptes. Ces joutes oratoires voyaient naître de grands talents locaux. De tous les orateurs de la région, celui qui produisait la plus forte impression était le fils d'Avigdor Green. Le jeune Green était sioniste. Pourquoi? Peut-être à cause de sa formation juive traditionnelle qui rendait pour lui le sionisme plus attirant que le bolchevisme. Peut-être aussi parce que le sionisme lui paraissait un remède radical et correspondait à sa nature extrémiste. Pour David Ben Gou¬

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