vers le souvenir du ghetto où ils avaient passé leur jeunesse, ils pleurèrent sa deStruétion et la religion leur apparut à nouveau respectable.

Le sentiment nationaliste naissait. Il fallait que l'État fût créé. Les dissidents intensifièrent leur guérilla contre les Anglais, tantôt acceptés par la Haganah, tantôt dénoncés ou persécutés par elle. La Haganah elle-même prit en mains l'organisation de l'immigration illégale créée par Jabotinsky et lui donna des dimensions impressionnantes. Le courage des forceurs de blocus (décrits dans Exodus de Léon Uris, exécrable film hollywoodien) souleva la conscience du monde. Il apparut à la Grande-Bretagne qu'il ne valait pas la peine de se maintenir en Palestine à tout prix puis-qu'avec la nouvelle Stratégie de sa politique impériale, cette base devenait moins importante. Quand après 1945, le retrait des Anglais parut probable, le problème des Arabes émergea soudain. Ben Gourion fut un des premiers à en prendre conscience.

JuSte à ce moment d'ailleurs, sa carrière fit un bond en avant. Eliahou Golomb, le fondateur de la Haganah, homme modeste et infatigable venait de mourir. Le portefeuille de la Défense fut confié à Ben Gourion. Ainsi juste quand une guerre contre les Arabes apparaissait comme inévitable, c'était Ben Gourion qui se trouvait chargé de la préparer. L'homme qui pendant des décades avait combattu les Arabes dans les plantations d'orangers de Petach Tiqvah et dans les champs de la Sejjera se trouvait responsable du ministère de la Guerre.

L'épreuve de force s'avérant imminente, le problème militaire surpassa tous les autres dans la vie israélienne. Du jour au lendemain, Ben Gourion (qui n'avait acquis qu'une très petite expérience militaire dans l'armée anglaise) devint l'homme en uniforme kaki, une figure militaire populaire, et le demeura jusqu'à la fin de sa charge en 1963. Décidément nous étions loin du militant socialiste. Ben Gourion et le sionisme avaient fait du chemin.

Au début de l'année 1948, une réunion secrète eut lieu dans la petite maison de Ben Gourion sur le boulevard Keren Kayemeth à Tel-Aviv. Le haut-commandement de la Haganah et les experts

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