l'avis de tout l'état-major) il confia le commandement du seâeur de Jérusalem au pire général de son armée et ne fit rien pour conquérir la vieille ville.

Plusieurs personnes (parmi lesquelles Israël Baer, brillant écrivain qui rédigea un livre en prison avant de mourir condamné comme espion soviétique) pensent que Ben Gourion n'osait rien entreprendre contre les protecteurs anglais de la Transjordanie. Au plus fort de la bataille, Ben Gourion négociait avec ce vieux chef de tribu rusé, le roi Abdallah alors qu'Israël aurait fort bien pu, même en 1948, conquérir la rive oueSt du Jourdain.

Les dissensions atteignirent leur point culminant en 1949 lorsque quelques bataillons israéliens, commandés par le meilleur général de la guerre, Yigal Allon, traversèrent la frontière égyptienne et pénétrèrent dans les faubourgs de Gaza. De là il aurait été aisé de couper le chemin à l'armée égyptienne, de prendre Gaza et puis de diâer les conditions de paix au roi Farouk. Mais les États-Unis adressèrent un ultimatum. L'ambassadeur James Mac Donald se rendit à Tibérias où Ben Gourion prenait quelques jours de repos, pour lui signifier que les États-Unis ne toléreraient pas l'invasion du territoire égyptien. Devant cette menace, Ben Gourion fit marche arrière. Le général Allon prit l'avion et vint en personne tenter de convaincre Ben Gourion de ne pas laisser passer cette chance unique. En vain. L'armée fut rappelée et le premier accord d'armiâtice avec l'Égypte signé.

A la fin de la guerre, Israël présentait la forme qu'avait voulu lui donner Ben Gourion. C'était un État juif homogène, comprenant une petite minorité arabe (après le départ de centaines de milliers d'Arabes dans des circonstances qui feront l'objet d'un chapitre ultérieur). L'État s'était beaucoup agrandi et possédait des frontières moins ridicules que celles prévues par le plan de partage des Nations unies. Il était en excellents termes avec les États-Unis, en assez bons termes avec les autres puissances occidentales. La courte lune de miel avec la Russie soviétique, dont le vote en faveur d'Israël aux Nations unies avait provoqué la surprise mondiale, tirait à sa fin mais cela ne préoccupait pas particulièrement Ben Gourion qui en tout cas n'aimait pas les Russes. Ainsi Ben Gourion peut être considéré comme le véritable bâtisseur d'Israël. Pourtant il n'avait fait que suivre la ligne traditionnelle sioniste. Il ne renonça

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