jamais à sa conviction qu'Israël devait rester un État juif homogène, qu'il lui fallait aligner sa politique sur celle de l'OueSt et que la paix avec les Arabes était impossible. Après l'ultimatum américain, lorsqu'il ordonna à l'armée de faire demi-tour, quelques hommes politiques suggérèrent que l'on conserve au moins la bande de Gaza. Mais Ben Gourion jugea que c'était folie pure parce qu'il y avait là-bas plus de 300 000 habitants et réfugiés arabes. A son avis une adjonction de tant d'Arabes à la population d'Israël n'aurait pas manqué de changer la situation démographique au détriment des Juifs.

Les mêmes convictions commandèrent ses actions pendant la crise de 1967. Il n'était plus au pouvoir et il avait plus de quatre-vingts ans. Il était considéré comme un vieil original. Il s'opposa à l'attaque israélienne sous prétexte que l'armée ne devait pas prendre le risque de s'engager dans une guerre sans le soutien d'une grande puissance au moins. Au lendemain de la guerre il fit une proposition dans le plus pur Style bengourionesque; il voulait que l'on détruise les murs de la vieille ville de Jérusalem. Pour lui ces murs n'étaient pas le symbole de siècles d'hiStoire juive mais simplement celui d'une phase turque de l'hiStoire de la Palestine. On ne tint heureusement aucun compte de sa demande. On pensait généralement que c'était le seul moyen qu'il avait trouvé de faire parler de lui au lendemain d'une victoire à laquelle seuls les noms d'Eshkol, de Dayan et de Rabin étaient associés.

Après la guerre des Six jours, Ben Gourion se trouva aux prises avec le problème le plus important qui ait été créé par la victoire. Il était déchiré entre un désir d'expansion territoriale - inhérent au sionisme - et le sentiment qu'Israël devait rester homogénément juif. Certains de ses amis les plus proches, parmi lesquels le poète Nathan Alderman, menaient campagne pour l'annexion de tous les territoires conquis afin de " libérer " ce qu'ils appelaient " le véritable Eretz Israël ". Ben Gourion sans prendre résolument parti pour eux n'était pas hostile à cette idée. Depuis la guerre des Six jours il eSt obsédé par deux thèmes: celui de l'accroissement des naissances juives et celui de l'accroissement de l'immigration juive. Il n'a que ces mots à la bouche, et du vivant de Levi Eshkol qu'il détestait il l'accusait de négligence coupable à cet égard. Pour encourager la natalité il préconise l'établissement d'un organisme

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