coopération limitée semblait possible entre les États arabes et Israël. Le 26 juin, M. Éric Johnson, ambassadeur itinérant du président Eisenhower, conclut sur ce thème un accord avec l'Égypte, la Syrie, la Jordanie et le Liban. Les journaux londoniens assurèrent que cela mettait fin au boycottage d'Israël par les Arabes. Mais le même jour, Radio-Le Caire annonçait qu'Israël sabotait cet accord (Dayan et Lavon y étaient opposés). D'ailleurs les États arabes repoussèrent bientôt le plan JohnSton, fournissant à Israël l'occasion de dénoncer une fois de plus la mauvaise volonté arabe.

Cependant des choses importantes se passaient dans les coulisses. Nombre de gens pensaient qu'Abdel Nasser était finalement prêt à un accord de paix avec Israël. L'ambassadeur de l'Inde au Caire, K. M. Panikkar, exerçait à l'époque une grande influence grâce aux relations amicales existant entre Nasser et Nehru. Panikkar était aussi l'ami de Sharett. Comme me le raconta plus tard Panikkar lui-même, Nasser lui avait demandé d'arranger une rencontre discrète avec Sharett. Mais ces négociations s'éternisèrent, tant et si bien que les événements au début de 1955 la rendirent impossible.

D'autres personnes se mirent au service de la même cause. Le leader socialiste maltais, Dom Mintoff entreprit d'agir comme médiateur entre Sharett et Nasser. Mais, comme il le confia plus tard à des journalistes israéliens, il fut rebuté par l'attitude israélienne. Une tentative encore plus énergique fut faite par Maurice Orbach, député socialiste anglais qui fit plusieurs allers-retours entre Nasser et Sharett. Il apporta même une fois à Sharett une lettre personnelle de Nasser dans laquelle celui-ci appelait le destinataire " Mon frère Sharett " (les Arabes utilisent plus fréquemment et facilement que les Européens le mot " frère "). Plus tard, Orbach raconta cet épisode à un ambassadeur, Nathan Peled qui le rendit public.

A Paris, un personnage mystérieux et haut placé prit contaêf avec le dofteur Nahum Goldman, président de l'Organisation sioniste et l'un des rares leaders sionistes à croire en la paix entre Israël et les pays arabes, quel qu'en soit le prix. Goldman fut prié d'arranger une rencontre entre Sharett et Nasser.

Il eSt difficile de dire si ces désirs de paix exprimés par l'Égypte étaient sincères. Ils ne furent peut-être qu'une simple manœuvre

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