qui eSt curieux, c'eSt qu'au cours des innombrables discussions que provoqua, des années durant, cette affaire, personne n'ait jamais pensé mettre en doute le principe du maintien à tout prix de la présence anglaise dans la zone du canal de Suez.

Les discussions tournaient simplement sur un point: " Qui fut responsable d'une telle opération? " (du moment qu'elle avait échoué, elle paraissait Stupide.) Autres questions: " Était-il exaél que le ministre de la Défense avait au cours d'un entretien sans témoins donné l'ordre de cette opération au directeur des Renseignements de l'armée? " Qui mentait? Le direâeur qui préten¬

dait n'avoir pas reçu de telles inStruftions ou bien le ministre qui prétendait ne pas les avoir données? " Des documents avaient-

ils été intentionnellement falsifiés? "; " Les officiers responsables étaient-ils appuyés par leurs supérieurs ou par le chef de cabinet lui-même? "; " Était-il exaft que des témoins furent induits à faire de faux témoignages? " Que le général Dayan avait jugé

bon de recevoir un témoin avant l'audience? ".

En fait, lorsque éclata cette affaire le général se trouvait justement aux États-Unis où sa venue causa une certaine consternation-Dayan fit mine de croire qu'il avait été invité par l'armée américaine. Le Pentagone n'avait pas le moindre souvenir de cette invitation. Il fut tout de même autorisé à visiter - à ses frais - les installations militaires. On n'a jamais éclairci pourquoi Dayan mit tant d'insiStance à se trouver aux États-Unis au moment précis où éclatait " l'affaire Lavon " et où se déroulaient en Égypte des événements pesant sur les relations israélo-américaines (en tout cas, le dernier à être informé de cette visite fut sans aucun doute l'ambassadeur israélien à Washington, Abba Eban).

L'échec de cette opération causa la ruine de Lavon. Il fut contraint de démissionner et le gouvernement, désorienté, offrit à Ben Gourion de revenir assumer ses fondions de ministre de la Défense. Aujourd'hui encore, Lavon et bien d'autres demeurent convaincus que cette intrigue fut montée de toutes pièces par Ben Gourion pour lui permettre de sortir, sans perdre la face, de sa retraite de Sdeh Boker d'où il attendait que son peuple le rappelle.

Les derniers soubresauts de cette affaire ne sont intéressants qu'en ce qui concerne la politique intérieure israélienne. Plusieurs commissions d'inveStigations furent réunies en secret, jusqu'à ce

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