obje&if. Tout ennemi de Nasser devenait automatiquement l'ami de la France. Des contaéls furent établis avec Israël. L'attaque contre Gaza avait été un excellent moyen de rappeler à Paris où pouvait se trouver le second front.

L'amitié naissante entre Paris et Jérusalem - qui ne tarda pas à prendre la forme d'une alliance politique et militaire - prit à son tour l'allure d'un cercle vicieux. Aux yeux des Arabes, la France apparaissait comme le tyran absurde qui massacre un peuple pour tenter vainement de conserver vainement l'Algérie. Aux yeux d'Israël, la France devenait le fournisseur idéal de chars et d'avions qu'il lui fallait pour contre-balancer les énormes Stocks d'armes fournis par les Soviétiques aux Égyptiens et entreposés dans la péninsule du Sinaï. Cependant, en s'alignant sur la politique colonialiste du gouvernement français, Israël avivait la haine des Arabes et aggravait son besoin d'armes.

C'eSt en vain que certains d'entre nous, en Israël, affirmions qu'Israël devait adopter la politique inverse. Les rebelles algériens avaient grand besoin d'aide. Ils l'auraient acceptée de n'importe qui. C'était le moment pour Israël de la lui fournir. Quand cet Etat aurait recouvré son indépendance, nous pourrions nous rapprocher de lui. C'était bien plus important pour l'avenir d'Israël que tous les avions " Mystère ". Mais tous nos arguments se heurtèrent à l'expérience de deux générations de sionistes. Nous fondâmes un " Comité israélien pour la libération algérienne " qui établit de bons contafts avec le F.L.N. mais ne rencontra pas de succès en Israël. Comme si les armements d'aujourd'hui avaient plus de poids que la politique de demain...

Vers la fin de l'année 1954, il était facile de prévoir une longue chaîne d'événements. Déjà se dessinait la route qui conduisait à la guerre du Sinaï de 1956, à la défaite de la France en Algérie, à la fin de l'alliance franco-israélienne (lorsque de Gaulle fit, au cours de sa conférence de presse de 1967, d'aigres remarques anti-israéliennes, nous aurions pu citer des dizaines de nos articles prédisant cette volte-face). On aurait pu également prévoir que les futurs leaders de l'Algérie (Boumedienne, pour n'en citer qu'un) deviendraient, au sein du camp arabe, parmi les plus hostiles à Israël.

Tous ces changements, amorcés en 1954, n'étaient même pas

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