gauche), Meir Yaari, accusa publiquement Dayan de l'avoir trompé. Dayan était arrivé à le convaincre qu'il était opposé à toute aâdon contre les Arabes et c'était la seule raison pour laquelle le Mapam ne s'était pas opposé à l'entrée de Dayan au gouvernement. Il n'y avait évidemment aucun rapport entre ce que Dayan pensait réellement et ce qu'il lui avait affirmé à sa manière, direéte, comme d'habitude.

Dayan n'avait certainement pas l'intention de devenir ministre de la Défense uniquement pour présider des parades. Mais s'il lui fallait pour obtenir ce portefeuille rassurer Meir Yaari, il n'avait aucun scrupule à le faire. Jamais il n'avait envisagé de dire à Meir Yaari ce qu'il pensait réellement, pas plus qu'il ne l'aurait dit à Abdel Nasser lui-même. Bien sûr, tous les politiciens du monde ont l'habitude de déguiser leur pensée à l'occasion. Mais chez Dayan, cela devient comme une seconde nature, un besoin profond de toujours cacher ce qu'il pense, que cette tricherie soit ou non utile.

Ce manque de respeâ: pour les mots eSt le résultat d'un autre trait de caractère plus grave et qui eSt peut-être la clef de toute sa personnalité: une absence totale de communion avec les autres. C'eSt de là qu'il tire sa force et sa faiblesse, son plus grand atout et sa principale limite, la qualité qui en fait un surhomme pour ses admirateurs, un perturbateur pour ses adversaires.

Dayan n'est proche de personne, ni des membres de son cercle familial, ni de son cercle social. Il n'a pas un seul ami au monde. Il eSt doué d'un grand charme qui lui permet de séduire n'importe qui, mais il ne se fie à personne. Sa fille Yael écrit de lui: " Quand il eSt de bonne humeur, il peut être charmant. Mais il n'a jamais la patience de persévérer assez longtemps pour en obtenir les résultats. " Yael ajoute, dans un article de revue pourtant écrit en hommage à son père: " Les gens l'énervent; certains tout de suite, d'autres au bout d'une demi-heure. " Les psychologues verraient là un symptôme sérieux, une sorte d'incapacité à s'intéresser aux autres.

Beaucoup de gens veulent voir dans cette attitude dédaigneuse un signe de grandeur. Tout au long de l'histoire, de grands chefs se sont efforcés d'être distants parce que la familiarité entraîne le manque de respeft. Mais le mépris de Dayan pour les autres eSt si grand qu'il gêne même ses ambitions personnelles: ainsi certains

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