et il a continué. Cela pourrait être l'explication de l'image d'éternelle jeunesse que garde de lui le public, une image qui n'a pas varié jusqu'à la cinquantaine et qui ne disparaîtra sans doute qu'à sa mort (il y a quelques mois, j'ai pris dans ma voiture un auto-Stoppeur, jeune soldat qui regagnait sa base. Quand je lui ai dit que Dayan avait cinquante-quatre ans, il a refusé de me croire. Pour lui, le général n'avait pas plus de trente-cinq ans: il était prêt à parier toutejsa solde).

Il y a en effet quelque chose de frappant dans le comportement adolescent de Dayan. Il a tenu à enseigner à ses trois enfants, y compris sa fille, à manier un fusil. Ce n'eSt pourtant pas une science indispensable à des enfants élevés confortablement dans la jolie banlieue de Tel-Aviv. Il a encouragé son fils aîné à s'engager dans les commandos de la marine, et le cadet à entrer dans les parachutistes. Bien qu'il n'ait pas consacré beaucoup de temps à ses enfants, il s'eSt toujours arrangé, même lorsqu'ils étaient tout petits, pour les emmener dans de longues randonnées au désert. Dans tout le pays, on raconte ses exploits.

Il eSt grand amateur d'archéologie et il enfreint les lois qui interdisent aux habitants de s'emparer d'objets archéologiques sinon d'une manière occasionnelle, comme un amateur quelconque. Pendant la guerre du Sinaï, une unité avait découvert un site archéologique, il fit aussitôt boucler toute la région par la police militaire pour avoir le temps de creuser et de faire des découvertes. Sa maison de Zahalal eSt pleine à craquer de colonnes et de jarres, chacune d'elles témoignant d'une loi enfreinte, ce qui n'empêche nullement monsieur le ministre de la Défense de donner des réceptions au milieu du produit de ses fouilles. Yael Dayan écrit IleSt comme un enfant, très fier de sa réputation d'" enfant terrible ". "

Moshé Dayan se maria très jeune avec Ruth Schwartz, la fille d'un avocat aisé de Jérusalem. Elle était sa compagne de classe à l'école de Nahalal. Mais il n'y a jamais eu de vie de famille réelle chez les Dayan. La maison de Zahalal, abondamment photographiée par la presse internationale, eSt davantage une fédération de chambres qu'une maison familiale. Avant que se marient ses enfants, chacun des membres de la famille vivait comme bon lui semble, le plus souvent dans sa chambre et ne rencontrait les autres que rarement (l'un de ses fils allait même jusqu'à fermer sa chambre

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