ment des institutions corporatives qui comprenait, entre autre, un théâtre dans lequel se donnait une représentation par an. Le seul moyen de transport était un vieil autobus qui partait une fois par jour, à travers des villages arabes hostiles, jusqu'à Haïfa; il était conduit par un membre de la moshav qui chantait de vieux airs russes tout le long du chemin, et dont deux des fils furent tués pendant la guerre de 1948.

Nous autres écoliers allions en classe quelques heures par jour. Le reste du temps, nous aidions aux travaux des champs et des potagers. Les fermiers étaient tous vieillis avant l'âge par un labeur dur et incessant. Le soir, autour des tables éclairées par des lampes au pétrole, ils évoquaient le temps où Nahalal était entouré de marécages infestés de malaria que l'on avait combattue en plantant des eucalyptus.

A l'âge de quatorze ans, Moshé montait déjà la garde, entraîné, par la Haganah (comme tous les membres d'une moshav). A dix-huit ans, chargé d'entraîner les jeunes d'un village voisin, il se mit à leur tête pour repousser une attaque arabe. Au cours d'un soulèvement arabe, en 1936, alors qu'il avait vingt et un ans, il servit d'instructeur dans une unité de la police hébraïque (seCtion de la Haganah tolérée par l'administration britannique pour les besoins de défense). Il était marié depuis deux ans déjà.

C'eSt au cours de ces combats contre les Arabes que Dayan rencontra l'homme qui devait avoir une influence durable sur lui: Charles Orde Wingate. A cette époque, Wingate n'était que capitaine dans l'armée britannique. Il était, comme T. E. Lawrence, l'une de ces personnalités non-conformiStes que produit de temps en temps l'armée anglaise. Mais tandis que Lawrence avait pris le parti des Arabes, Wingate prenait fait et cause pour les Hébreux. Il avait toujours une Bible dans sa poche. C'était un meneur d'hommes. Il avait mis au point une technique de raids de représailles, exécutés par de petits groupes d'hommes sélectionnés, très bien entraînés, qui pénétraient en pleine nuit dans les villages arabes éloignés, démolissaient quelques maisons, tuaient à la rigueur quelques habitants et rentraient chez eux avant le lever du jour. Il était tout d'une pièce, dévoué mais rude, et il scandalisa les membres d'un kibboutz socialiste en se permettant de frapper un soldat qui avait négligé un détail dans la préparation d'un raid.

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