eu un effet salutaire sur le moral de la nation, il n'avait rien eu à voir avec la conduite de la guerre elle-même.

La vérité se trouve entre les deux. Dayan a indisposé de nombreuses personnes par son penchant pour la publicité et par sa manière de s'attribuer indûment tous les mérites en ne démentant pas les affirmations de certains correspondants de guerre qui considéraient que, somme toute, ce général fournissait plus de copie que tous les Stratèges anonymes. Au cours de la guerre même, Dayan s'eSt arrangé pour trouver le temps de se montrer partout, tel une étoile filante traînant à sa suite une longue file de correspondants, d'officiers des relations publiques, de photographes, de cameramen qui l'ont immortalisé sur la toile de fond des unités conquérantes.

Il serait cependant injuste de minimiser le rôle réel qu'il a joué dans ces événements. Il n'avait rien fait pour préparer l'armée à cette guerre, pour la bonne raison qu'il était hors cadres depuis dix ans. Une équipe neuve, composée des plus jeunes officiers de la guerre de 1948, avait entraîné et équipé une armée professionnelle, efficace, munie des armes les plus récentes. Mais l'armée israélienne a foi en l'improvisation conformément au caractère national. Elle ne dispose pas d'un seul plan mais de toute une série de plans qui peuvent, le cas échéant, être combinés. L'équipe qui a mené cette guerre, avec à sa tête, le général Rabin, était composée de professionnels remarquables. La plupart d'entre eux étaient sans prétentions et ne se sentaient nullement indispensables.

Au début de la crise, alors que la guerre paraissait probable, Dayan demanda l'autorisation de visiter les poètes de commandement sur le front du Sud et d'examiner leurs plans. Levi Eshkol la lui accorda. C'eSt ainsi que Dayan fut bien informé de tous les plans établis par les responsables. Sur le point d'être nommé ministre de la Défense, il se trouvait donc en mesure de les reviser sur l'heure.

Il fut à l'origine de deux changements très importants sur le front du Sud. Le premier touchait à la Stratégie. On avait d'abord envisagé d'envoyer deux divisions combattre les Égyptiens et d'en garder une troisième en réserve. Dayan était convaincu - par son expérience de la guerre de 1956 - qu'après la première percée, les Égyptiens seraient dans l'incapacité de contre-attaquer; il décida qu'il valait mieux envoyer la troisième division au combat

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