ment formulée - des sionistes de la vieille école qu'il eSt impossible pour un Arabe de jamais faire partie d'un État juif. On comprend que des gens animés de telles convictions rejettent l'idée du rapatriement des réfugiés ou de l'accroissement de la minorité arabe.

Avant la guerre de 1967, les plus proches partisans de Ben Gourion lancèrent un cri d'alarme. Selon eux, la minorité arabe (alors de moins de 12 %) risquait de devenir majoritaire. En supposant que le taux de natalité arabe reste constant, ce processus aurait demandé sept générations. Aussi n'eSt-ce pas la crainte d'avoir un jour à faire face à une trop importante minorité arabe qui pousse actuellement les sionistes à refuser le retour des réfugiés, mais la conviction profonde (souvent inconsciente) qu'Israël doit préserver son homogénéité juive, que la minorité arabe, si elle eSt inévitable, doit rester aussi réduite que possible.

Avant la guerre de 1967, cette minorité arabe ne détenait que deux pour cent des poStes dans l'administration gouvernementale. Pas un seul Arabe n'était haut fonctionnaire, juge ou ministre. Sur les 120 membres de la Knesset, on ne compte que sept Arabes dont aucun n'occupe de grandes fonctions (après les élections de 1965, mon premier geSte avait été de proposer que le président ou tout au moins l'un de ses assesseurs fût arabe, mais ma proposition fut repoussée avec indignation).

C'eSt quand on aborde de près le grand problème des relations israélo-arabes que la distance entre la philosophie sioniste et un nationalisme normal et sain saute aux yeux.

Il n'eSt rien que les Arabes redoutent davantage que ce fameux rassemblement des exilés. Il fait apparaître à leurs yeux le speCtre d'une vague gigantesque de dix millions d'immigrants se déversant sur Israël, débordant ses frontières étroites pour conquérir les États arabes, en chasser les habitants et s'emparer de la terre. Il y a quelque chose de grotesque dans la situation aCIuelle. Tous les leaders sionistes (et même Levi Eshkol de son vivant) font des discours de visionnaires, parlent de millions de Juifs qui ne tarderont pas à débarquer en Israël pour accomplir la prophétie sioniste. Un auditeur israélien sait fort bien que ce sont là les souhaits sans

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