certaine organisation, l'armée de la Haganah devenait une force régulière qui exécutait des plans militaires préparés avec minutie. La bataille avait lieu maintenant sur les routes qui reliaient entre elles les poches de colonisation hébreue. La Haganah contrôla alors une région de plus en plus vaste. Les villes les plus importantes tombèrent entre les mains de l'armée hébreue. Il semble qu'à cette époque, les chefs sionistes n'aient pas été d'accord sur les différentes politiques à suivre. Certains d'entre eux étaient sans doute arrivés à la conclusion qu'un exode massif des Arabes ne serait pas une mauvaise chose mais d'autres, à la prise de Haïfa, tentèrent de convaincre les Arabes de rester dans la ville. Quoi qu'il en soit, pendant cette période, les Arabes furent, en général, poussés à quitter leurs villes et leurs villages et ceci aussi bien par leurs propres chefs que par les Juifs.

C'eSt alors qu'eut lieu le fameux massacre de Deir Yassin. Ce petit village arabe, près de Jérusalem fut occupé par une unité de YIrgoun après un combat nofturne. Les forces de YIrgoun qui étaient à la veille de fusionner avec celles de la Haganah opéraient sous le commandement de cette dernière. Hommes, femmes, enfants, tous les habitants du village qui n'avaient pas fui furent massacrés. Ce carnage fit un effet énorme sur la population arabe de Palestine et la fuite des villageois s'intensifia. Plus tard j'ai voulu poser des questions aux soldats qui avaient participé à cette opération. Ils m'affirmèrent que le massacre n'avait pas été prémédité; leur commandant local avait perdu la tête après la perte de certains de ses hommes abattus par des francs-tireurs arabes. Si Deir Yassin devait devenir un symbole, il ne resta certainement pas un incident isolé. De telles tueries avaient été perpétrées par les deux camps dans le passé et bien d'autres encore eurent lieu ultérieurement. Après le meurtre sans discrimination des Hébreux au début de la guerre, les civils des deux côtés étaient convaincus de ne pas en réchapper s'ils tombaient entre les mains de l'ennemi.

Durant cette phase le général Yigal Allon avait commandé des opérations au Nord du pays. Il dit en termes élégants, au cours d'une conférence scientifique en 1957: " Nous avions fait le projet de conquérir la partie arabe de Safed mais il n'entrait pas dans nos intentions d'empêcher la fuite de la population. " De son côté, le Département historique de l'armée israélienne a publié des plans

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