La liberté de choix de chacun était fortement conditionnée par les réalités militaires et par les phénomènes psychologiques qu'elles entraînaient.

Les vertus militaires du Kurfürst dégénérèrent graduellement en un militarisme grotesque personnifié par le dernier des Hohen-zollern dans son " éclatante armure L'armée prussienne devint un instrument d'agression et terrorisa l'Europe. Elle fut la cause de grandes souffrances pour des millions d'hommes. Conduite par un autrichien démagogue elle en arriva finalement à détruire l'intégrité de l'Allemagne.

Mirabeau disait que dans tous les pays du monde l'État avait une armée mais qu'en Prusse l'armée avait un État. Au début de ce siècle le militarisme était déjà mis au ban de l'Europe et dénoncé en Allemagne même.

Rien de pareil pour Israël. Si les vertus militaires tiennent une place importante au centre de notre vie, le militarisme nous eSt inconnu. Notre armée n'aime pas les parades. Nos meilleurs combattants affeâent une sorte de laissez-aller dans la tenue militaire; les décorations n'exiêtent pas, les officiers et les hommes fraternisent et la discipline eSt plus fonctionnelle que formelle.

En 1968 au moment où la popularité de l'armée était à son apogée, le chef d'état-major proposa d'abolir le défilé du Jour de l'Indépendance, la seule cérémonie militaire de notre vie nationale.

Il y a cent ans, H. von Moltke glorifiait l'armée en ces termes: " La paix perpétuelle eSt un rêve et ce n'eSt même pas un beau rêve. La guerre eSt nécessaire à l'ordre universel voulu par Dieu. Les plus nobles vertus de l'homme s'y exercent: le courage, le renoncement, le sens du devoir, le sacrifice de soi. Sans la guerre, le monde serait envahi par le matérialisme. "

On ne peut imaginer une telle profession de foi sous la plume d'un général israélien. Ce qui s'en rapprocherait le plus c'eSt encore cette réponse que Moshé Dayan fit à la télévision britannique en août 1968. La question était: " Quelle eSt votre attitude vis-à-vis de la guerre? "

Dayan répondit: " C'eSt la • chose la plusf exaltanteJqui£soit.

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