Deux ans ont passé. La guerre des Six jours dure encore. Il eSt vrai aussi qu'elle n'a pas débuté le 5 juin 1967. Elle a été déclenchée il y a quatre-vingt-dix ans et depuis elle continue sur sa lancée.

Il me semble pourtant que la vraie bataille eSt ailleurs. La lutte décisive ne se livre pas aujourd'hui sur les rives du canal ou sur celles du Jourdain mais en Israël même où les Israéliens se battent entre eux, et dans les pays arabes où les Arabes aussi se battent de leur côté. Il existe une extraordinaire coordination entre les extrémistes des deux camps. Chaque fois qu'en Israël nous tentons de prouver à quelqu'un que la paix eSt possible, il nous ridiculise aux yeux du public en brandissant le dernier article ou le dernier discours d'un extrémiste arabe. Chaque fois que dans le monde arabe on aborde la même question, la dernière déclaration d'un ministre du cabinet israélien sur le droit sacré des Juifs à posséder Eretz Israël dans sa totalité vient lui porter un coup mortel.

Les " Migs " et les " Phantoms ", les attentats terroristes, les représailles au napalm fortifient le chauvinisme du Moyen-Orient et le font prospérer. Et malheureusement il n'exiSte aucune coopération entre ceux des Israéliens et des Arabes qui croient, chacun de leur côté, que l'aétion de ces extrémistes ne peut nous conduire qu'à l'annihilation nucléaire mutuelle.

Comment s'en étonner? Depuis la guerre, les deux camps n'ont fait que jouer leur rôle, selon un très vieux scénario. Pour mieux comprendre la situation, examinons l'attitude des deux camps.

Après la guerre des Six jours, Israël connut pendant quelques semaines une période de grand espoir. Un enthousiasme presque délirant s'empara du pays. Tout semblait possible. Après l'inquiétude extrême qui avait précédé cette guerre et le soulagement mêlé d'incrédulité qui avait suivi la victoire, chacun avait le

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