Moshé Dayan faisait des déclarations extravagantes et contradictoires sans penser rien de ce qu'il disait. Il réussit à brouiller les idées de tout le monde, à commencer par les siennes propres.

Abba Eban, perdu dans une auto-satisfaction grandiloquente, combattait les orateurs soviétiques et arabes aux Nations unies, porté par l'admiration de son public de téléspectateurs judéo-américains.

Bref ce moment historique ne trouvait pas de leader historique à sa mesure.

Après une période de grand espoir, le pays connut l'attente. Attente de quoi? Nul n'aurait su le dire. Mais le temps semblait arrêté. Dayan exprimait en public sa conviction que l'occupation militaire pouvait se prolonger indéfiniment. Certains commençaient à croire qu'une formule aux termes aussi contradictoires que celle d'" occupation libérale " pouvait nous gagner l'affection des Arabes.

La ridicule mission de Gunnar Jarring qui se prolongea tant et plus fortifiait le Statu quo. Le terrorisme semblait sur le point d'être vaincu, les armées arabes paraissaient dérisoires, les grandes puissances se neutralisaient mutuellement. Sous la présidence paternelle et rassurante de Levi Eshkol, la grande coalition devenait symbole d'unité et figeait le front intérieur dans un immobilisme confortable.

C'eSt alors que les éléments de droite traditionalistes, orthodoxes et chauvins, déclenchèrent une campagne en faveur de l'annexion officielle des territoires occupés. Quelques petits groupes marginaux, fascistes ou ultra-religieux, se joignirent à eux pour former le mouvement du " Grand Israël " (la totalité de " Eretz Israël "). Mais à la grande surprise de ses promoteurs, ce mouvement ne s'étendit qu'au quart ou au cinquième de la population. C'eSt-à-dire que seule en fut touchée la partie du pays qui avait toujours été favorable à l'expansion et à l'annexion. La masse n'était pas atteinte.

De notre côté, bien qu'en nombre deux fois plus restreint, nous propagions activement les idées de paix. Un plan de paix

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