détaillé (voir appendice) fut adopté en mars 1968 par mon parti, Haolam Ha%eh (Force nouvelle), tandis que plusieurs autres groupes adoptaient des positions similaires. Mais il n'y eut jamais de débat entre ces deux tendances.

Aucun signe d'encouragement ne venant du côté arabe, le reSte du pays se contentait d'attendre. Annexionnistes et anti-annexionniStes se neutralisaient. Ce n'était pas déjà si mal et ce frein que nous opposions aux annexionnistes reste, à ce jour, notre meilleure réalisation.

Doucement, imperceptiblement, l'état d'esprit changeait. Le chauvinisme et l'annexionnisme firent place à quelque chose d'autre. Ce fut le début de la troisième phase en Israël: celle que nous vivons.

Quel nom lui donner? Il eSt difficile à définir au premier abord. C'eSt un état d'esprit qui consiste à désespérer de la paix. Il submerge l'opinion et mène à une guerre sans fin. Loin de s'y livrer à contrecœur, les Israéliens l'adoptent avec une sorte de soulagement. La peur de l'inconnu leur fait préférer un état devenu familier et habituel.

Le décès de Levi Eshkol marque le début de ce changement. Comme tout bon sioniste, Levi Eshkol était excessif et têtu, mais il avait une apparence de bonhomie qui pouvait faire illusion sur ses facultés d'accommodement. Golda Meir, elle, ne fait pas du tout illusion. Cette institutrice raide et vertueuse eât immuable par essence.

En quoi consiste ce nouvel état d'esprit? Voici comment le traduiraient neuf sur dix des Israéliens interrogés au hasard dans la rue: " Les Arabes n'ont jamais désiré la paix. Jamais ils ne reconnaîtront l'existence d'Israël. La paix eSt une illusion dangereuse. S'ils n'ont pas fait la paix en 1967 après cette défaite écrasante, c'eSt que vraiment elle eSt impossible. Il nous faudra nous battre encore et encore. Nous n'y pouvons rien. "

Ce genre d'idées eSt solidement ancré dans les esprits et extrêmement difficile à ébranler. Hussein ou Nasser fait-il un discours modéré? Immédiatement l'Israélien l'interprète comme une

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