preuve de leur duplicité. " Et quand bien même ils sont sincères, se dit-il, sont-ils maîtres de la situation? Et pourquoi leurs soldats nous tirent-ils dessus s'ils veulent vraiment la paix? "

Ces raisonnements simplistes seraient sans importance si Israël disposait d'une classe politique comme l'Angleterre ou la France. Mais il n'y a rien de tel chez nous. Les points de vue développés dans un café de la rue Dizengoff, à Tel-Aviv, se retrouvent, plus solennellement énoncés, à la Knesset. Que les étrangers aient du mal à le croire n'empêche pas le fait d'être vrai.

En un sens, les cercles politiques font preuve d'un chauvinisme plus étroit que celui du grand public, parce qu'ils sont beaucoup plus imprégnés d'attitudes sionistes traditionnelles. En fait, le public en Israël eSt, en dépit de tout, d'une modération surprenante. Plus les Israéliens sont jeunes, moins ils sont chauvins. L'armée, la plus jeune institution du pays, eSt dans son ensemble beaucoup plus raisonnable que le gouvernement.

Si l'on offrait aujourd'hui même au public israélien le choix entre l'annexion sans la paix et la paix sans l'annexion, la paix serait votée à une large majorité. Mais pour le public israélien, un tel choix n'eSt pas même imaginable.

Je suis pourtant convaincu que ce choix existe, dût-il être formulé en d'autres termes. S'il eSt écarté par notre gouvernement, nos partis, notre " establishment ", c'eSt qu'en le repoussant, chacun pense y échapper.

Si 1' " establishment " sioniste était placé devant ce choix, il se verrait déchiré par des contradiétions internes. D'un côté la tentation d'un État juif absolument homogène, de l'autre la perspective de nouveaux territoires disponibles pour une nouvelle colonisation. Un désir de paix d'une part, une méfiance profonde de tous les Arabes, sans exception, de l'autre.

Le gouvernement actuel compte 22 ministres. Il n'y en a pas un seul qui soit prêt à faire la paix sans annexion. Ces 22 membres du cabinet, dont certains étaient au pouvoir longtemps avant la guerre des Six jours, peuvent être divisés en trois groupes:

a. Il y a ceux qui veulent annexer tous les territoires occupés.

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