- Vous voulez aussi le numéro d'Arafat? me demandat-il.

J'étais stupéfait.

- On peut l'appeler?

C'est ainsi que j'appris cette chose incroyable: en dépit de la guerre et du siège de Beyrouth-Ouest, les communications téléphoniques entre les deux parties de la ville étaient sauves. Le central se trouvait à l'ouest, dans la partie musulmane.

Je notai les numéros, et au cours de la journée, j'essayai plusieurs fois de le joindre. Pas de réponse. On m'avait averti que l'OLP changeait de local tous les jours, afin d'échapper à ces opérations de commandos qui ont fait la renommée de l'armée israélienne.

Au bout d'un moment j'abandonnai, et nous partîmes visiter le pays. A notre retour, vers minuit, une idée me traversa: j'allai au standard de l'hôtel et demandai Paris. Je connaissais le numéro par cœur, car je l'avais utilisé des centaines de fois au cours des dernières années: c'était celui d'Issam Sartawi, l'homme qui avait été désigné par Arafat pour diriger les contacts secrets avec les pacifistes israéliens, et qui était devenu un de mes excellents amis.

On pouvait téléphoner jour et nuit à cette époque, le bureau de Sartawi étant devenu le principal lien entre Arafat, dans Beyrouth assiégée, et le monde occidental. Il répondit aussitôt, et je lui dis que j'appelais de Beyrouth-Est et que j'essayais de joindre le Q.G. d'Arafat dans la partie ouest de la ville. Il me donna le nouveau numéro, et me promit d'appeler également pour aider à organiser une rencontre.

Il était déjà deux heures du matin. Je montai dans ma petite chambre et demandai le numéro. Au premier appel une voix arabe répondit.

- Je suis Uri Avnery, d'Israël, dis-je en anglais. Je suis à Beyrouth-Est et je voudrais rencontrer votre président.

- Où êtes-vous descendu? demanda la voix.

Je le lui dis.

- Je vais demander et je vous rappelle.

15