tes de suspense, et soudain mon cœur bondit de joie: un homme se dirigeait vers moi, c'était Ghazi, un dirigeant de l'OLP que je connaissais depuis des années, depuis nos premiers contacts en Europe. Nous nous embrassâmes. Jamais je n'avais été si content de voir quelqu'un.

A partir de là, tout devint facile. Nous congédiâmes notre taxi, toujours coincé dans l'embouteillage, et franchîmes à pied le poste de contrôle. Les soldats à l'air menaçant nous regardaient avec curiosité. Quelques hommes se tenaient sur le côté. L'un d'eux était Imad Shakour, avec qui j'avais parlé la veille au téléphone. Je m'aperçus que je le connaissais depuis des années: il avait travaillé avec mon équipe à Tel-Aviv, quand nous faisions paraître une édition arabe de notre magazine. Il avait disparu, traversant la frontière de nuit pour rejoindre les forces de l'OLP, comme beaucoup de jeunes Palestiniens qui étaient citoyens israéliens. Il avait fait ses études à l'Université hébraïque de Jérusalem, et parlait parfaitement l'hébreu.

L'un des autres membres du groupe était un personnage en uniforme, moustachu, raide et digne. J'appris que c'était le principal garde du corps d'Arafat. C'était aussi le premier officier de l'armée de l'OLP que je rencontrais. Par la suite il se détendit un peu, et en fin de journée, nous avions des rapports amicaux. Il était responsable de ma sécurité.

C'était le major Fahti.

Le président avait non seulement envoyé son garde du corps, mais aussi sa Mercedes blindée. On me pria d'y monter.

- Et les deux femmes? demandai-je.

- Elles suivront dans une autre voiture, dit le major.

J'allais m'installer quand je vis l'expression de panique

sur le visage d'Anat et de Sarit.

- Ce n'est pas possible, dis-je. Il faut qu'elles viennent avec moi.

Après une courte hésitation, mes hôtes cédèrent. Nous montâmes tous dans la grande limousine et nous partîmes. Une voiture nous précédait, une autre nous suivait. Elles

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