le leader suprême d'une nation puisse se dérouler de cette façon.

Toutefois, je compris bientôt pourquoi Arafat était le chef. Tout le monde le traitait avec le plus profond respect. C'est la qualité unique de cet homme qui provoque, je crois, cette estime. Il a l'esprit rapide, il comprend vite les situations, il est très intelligent, sans être intellectuel. Ce qui transparaît chez lui, d'abord et avant tout, c'est la tristesse de l'expérience palestinienne. On sent que d'une certaine manière il personnifie la tragédie de son peuple, qu'il en est vraiment le porte-parole.

Le seul fait qu'il fût là était déjà remarquable. Les Palestiniens qui se trouvaient à Beyrouth n'avaient pas été surpris par la guerre. L'armée israélienne avait mis six longs jours pour atteindre la banlieue de la ville. Arafat aurait eu largement le temps de partir pour Tripoli, Damas, ou tout autre lieu du monde arabe. Pourtant, il était resté dans la cité assiégée, et pendant soixante-dix neuf jours et autant de nuits il avait partagé les dangers et les privations avec ses soldats, sachant que peut-être le principal objectif militaire d'Ariel Sharon était de le liquider personnellement. Un an plus tard, il devait renouveler cet exploit pendant le siège de Tripoli.

Le courage personnel et l'intégrité d'un chef commandent le respect qu'il inspire. C'est vrai partout, mais peut-être encore plus dans le monde arabe.

Je n'étais pas venu pour échanger des civilités, ni pour vivre une aventure, ni même pour un scoop. Je voulais transmettre un message.

J'avais été en contact avec Yasser Arafat depuis de nombreuses années, mais indirectement. J'avais passé des milliers d'heures à parler, échanger des vues, argumenter avec des officiels palestiniens, comme Saïd Hammami et Issam Sartawi, sachant que tout serait rapporté au président de l'OLP. C'était même l'une des principales raisons de ces

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