- Si vous parliez aujourd'hui devant la masse de manifestants du mouvement pacifiste à Tel-Aviv, devant tous ces gens qui sont pour la paix, contre la guerre, que leur diriez-vous?

Arafat: - Nous sommes des êtres humains, et nous avons le droit de vivre!

- Et que devraient-ils faire, selon vous?

Arafat: - Veiller à ce que les résolutions des Nations Unies soient appliquées. Nous ne demandons pas la lune!

Un peu plus tard, je lui dis:

- Depuis des années j'attends cette rencontre avec vous, car nous voulions vous dire exactement ceci: le véritable problème, c'est que beaucoup d'Israéliens croient vraiment ce qu'on raconte au sujet des Palestiniens, qu'ils ne seront jamais prêts à reconnaître l'État d'Israël, même dans le contexte d'une paix basée sur la coexistence de l'État d'Israël et de l'État de Palestine. Voilà ce qu'il faut faire comprendre clairement, même à l'homme de la rue: ce que nous voulons, c'est une solution de paix basée sur une compréhension, un respect, et une reconnaissance mutuels.

J'ajoutai:

- La situation en Israël est la suivante, et depuis longtemps: nous avons une minorité qui soutiendra toujours Begin et Sharon, qui veut détruire l'identité nationale du peuple palestinien et annexer la rive occidentale, mais ce n'est qu'une minorité. A l'opposé, il existe un autre groupe qui est contre la guerre et comprend le problème palestinien. Éntre les deux, il y a la multitude des gens qui peuvent être influencés dans un sens ou dans l'autre, et notre tâche est de les pousser vers la paix.

Ce que j'essayais d'exprimer, ce que j'avais tenté de faire comprendre à mes interlocuteurs palestiniens depuis des années, c'est qu'il était possible de modifier l'opinion publique israélienne, mais que pour nous, il était indispensable que la plus haute autorité palestinienne déclare nettement et sans équivoque que la partition de la région suivant les frontières d'avant 1967 signifierait la paix, absolue et définitive. Mais c'était exactement ce qu'en face

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