Deux ans plus tard, nous franchissions un nouveau pas: le 2 juin 1957, je publiai dans mon journal un plan détaillé, avec cartes à l'appui, pour la création d'un État palestinien sur la Rive Ouest et la bande de Gaza, et conjointement la proposition d'établir une confédération des deux nations, Israël et la Palestine.

Quelque temps auparavant, à la suite de la guerre du Sinaï d'octobre 1956 (contre laquelle nous avions violemment protesté), j'avais créé, avec un groupe d'amis de même tendance, un nouveau mouvement, « Action Sémitique ». En septembre 1958, ce groupe fit paraître un document dont on reconnaîtra un jour, je pense, l'importance historique, le Manifeste Hébreu. C'était une tentative audacieuse de redéfinir les principes fondamentaux d'Israël comme un État laïque, démocratique et libéral. Une partie de ce document était consacrée à l'idée d'un État palestinien qui serait créé avec le soutien actif d'Israël sur la Rive Ouest et la bande de Gaza.

Je n'ai jamais cru que nous pourrions faire la paix avec les Palestiniens sans intégrer Israël dans la tendance générale de la région, ce qui signifiait, bien entendu, soutenir tous les mouvements de libération arabes. C'est pourquoi Haolam Hazeh fut, en 1952, la seule voix israélienne à défendre sans réserve la révolution des « officiers libres » en Égypte. Quand le gouvernement israélien pria instamment la Grande-Bretagne, en 1954, de ne pas évacuer la zone du canal de Suez, dernier vestige de l'occupation britannique en Égypte, nous adoptâmes la position inverse, exigeant qu'Israël soutienne au contraire l'Égypte dans ses revendications de liberté totale.

De la même façon, il était tout à fait naturel pour moi d'entrer en contact avec le FLN pendant le conflit algérien. Ils m'accueillirent chaleureusement, avec gratitude même, sachant que je prenais certains risques en les rencontrant sur le sol français. L'homme qui établit le contact, Henri Curiel,

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