près de Latroun, qui avaient été rayés de la carte. L'endroit a été transformé en parc national, appelé « Canada ». Le massacre le long du fleuve fut arrêté.

Pendant les six années suivantes, jusqu'à la guerre du Kippour en octobre 1973 qui me coûta mon siège au Parlement, je fis d'innombrables discours, à la Knesset et ailleurs, sur la solution à apporter au problème palestinien.

Une phrase, prononcée dans la chaleur d'un débat par un député de la Knesset, reste présente à ma mémoire: « Uri Avnery et le Mufti ont inventé le peuple palestinien! » Le Mufti était Hadj Amin Al Husseini, principal dirigeant des Palestiniens entre les deux guerres mondiales, honni par les Israéliens *.

Certains membres de la Knesset avaient l'habitude de venir me voir dans les couloirs après de tels débats pour me serrer la main et me dire doucement: « J'aurais voté pour votre résolution, mais, vous savez, la discipline de parti... »

Un incident est révélateur du climat qui prévalait. Au cours d'un débat au Parlement, j'avais déclaré que tous les dirigeants arabes importants de la Rive Ouest du Jourdain m'avaient informé en privé qu'ils étaient personnellement favorables à la création d'un État palestinien indépendant. En résumant le débat, Eshkol me contredit vivement sur ce point. Pourtant, quelques heures plus tard, Moshé Sasson, son conseiller pour les territoires occupés, m'appela et demanda à me rencontrer, car, dit-il, le Premier ministre lui avait demandé d'examiner mes informations en détail. L'entrevue eut lieu le 19 novembre 1968. Dans le protocole qu'il me soumit pour confirmation, il précisait qu'il était d'accord avec mon interprétation des attitudes des dirigeants de la Rive Ouest: c'était vrai qu'ils étaient pour la création d'un État palestinien. Il poursuivait: « La question n'est pas de savoir si un État palestinien est souhaitable ou non, mais si les Arabes voudraient d'un tel État s'il ne comprenait pas

* A cause de ses positions pro-nazies (N.d.T').

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