On frappa un coup léger à la porte.

J'hésitai quelques secondes avant d'ouvrir.

L'homme paraissait plus jeune que ce à quoi je m'attendais, trente-quatre ans environ. Il avait de doux yeux bruns, un visage plutôt arrondi. Habillé d'une manière classique, dans le style anglais, il n'avait rien d'un dangereux terroriste.

- Ahlan wa sahlan, lui dis-je en arabe. Soyez le bienvenu.

Il entra, jeta un coup d'œil autour de lui et vit que j'étais seul.

Nous nous regardâmes, deux personnes dans une chambre d'hôtel londonienne, et je crois que nous nous plûmes tout de suite.

Et pourtant, nous étions ennemis.

L'entrevue était dangereuse. Tous les deux nous avions pris des risques. Il connaissait mon nom et ce que je représentais, mais il n'avait aucune certitude que tout cela n'était pas un piège tendu par le Mossad. Le service de renseignements israélien avait déjà tué plusieurs dirigeants de l'OLP, que le gouvernement israélien considérait comme son ennemi mortel. Quelques-uns avaient été tués par des bombes dans les rues de Beyrouth. D'autres avaient été surpris chez eux dans la capitale libanaise, et abattus par des commandos israéliens. D'autres encore étaient tombés sous des balles ou des bombes en Europe. Hammami ne pouvait pas être sûr que le Mossad ne se servait pas de moi ou de mon nom pour lui tendre une embuscade.

Il y avait un autre risque pour lui: il était le premier officier de l'OLP à rencontrer délibérément un Israélien, un sioniste. Pour beaucoup de Palestiniens, c'était un acte de

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