trahison qui méritait la mort. Jusqu'à sa fin tragique, cette menace pesa sur toutes nos rencontres.

De mon côté, je n'étais pas rassuré non plus. C'était une bonne occasion pour un groupe terroriste de kidnapper un Israélien connu, récemment entré à la Knesset, et de l'échanger contre des prisonniers palestiniens.

Ni lui ni moi ne pouvions être tout à fait certains qu'on ne nous attendait pas avec des fusils chargés de l'autre côté de la porte.

De plus, sur le plan juridique, ma position était très délicate. Pour la loi israélienne, rencontrer un ennemi est un crime majeur, aussi grave que l'espionnage, sauf s'il existe « des raisons valables », et s'il n'y a pas eu « intention de nuire à la sécurité de l'Etat ». C'est au juge de déterminer si les raisons de l'accusé sont valables, et quelles sont ses intentions. Il n'y a pas de jurisprudence. Il appartiendrait au service de Sécurité, le fameux Shin Bet, de décider s'il faudrait m'arrêter à mon retour.

Mais nous avions tous les deux choisi de prendre ces risques. Et maintenant nous étions là à nous regarder comme des bêtes curieuses, sans chercher à dissimuler notre intérêt.

C'était le 27 janvier 1975.

Je n'écrivis rien sur le moment, bien sûr. Plus tard, après son départ, je notai quelques-unes des choses dont je me souvenais.

De quoi parlent deux ennemis quand ils se rencontrent pour la première fois?

Je voulais savoir combien il y avait de Palestiniens comme lui, s'ils étaient nombreux à partager son point de vue. Au nom de qui parlait-il? Que se passait-il au sein de l'OLP? Il me répondait et posait d'autres questions. J'y répondais et le questionnais. Il y avait tant de choses à se dire, à apprendre.

Après avoir surmonté la gêne du début, nous entrâmes dans le vif du sujet qui nous occupait, la paix. En guise de préambule, Saïd Hammami m'exposa sa façon de voir les choses, me disant en substance que pour lui, le peuple

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