D'après lui, Arafat était un modéré.

- S'il venait à être tué, le prochain Arafat serait beaucoup plus extrémiste.

Hammami parlait des assassinats avec amertume. Il les trouvait absurdes. Par exemple, le Mossad avait tué le représentant de l'OLP à Rome, Zueiter, qui était pourtant un modéré. Après sa mort, il était devenu le héros du Fath. Les membres de sa famille, des personnages importants de Naplouse, qui jusque-là avaient soutenu le roi Hussein, étaient maintenant des partisans du Fath. En quoi cela avait-il servi les Israéliens?

Il voulut savoir ce que nous pouvions faire, par quel moyen nous pourrions entraîner de nombreux Israéliens à notre suite.

- Cela dépend de vous, lui dis-je.

Et je lui exposai la théorie suivante, qui allait devenir le leitmotiv de toutes les conversations que j'aurais par la suite avec les dirigeants de l'OLP:

Israël est une démocratie, tout au moins pour ses citoyens juifs. Dans une démocratie, la politique du gouvernement est fonction de l'opinion publique. S'il y a un écart entre les deux, tôt ou tard il sera comblé par de nouvelles élections ou des remaniements ministériels.

Si l'on veut changer la politique du gouvernement, il faut modifier l'opinion publique. Toute la question est là. Et on ne la modifiera pas avec des mots, des déclarations, des formules diplomatiques, mais avec des événements dramatiques qui auront un impact direct sur les citoyens. Des choses qui parleront à leur cœur, qu'ils pourront voir à la télévision, entendre à la radio, lire dans les gros titres de leurs journaux.

L'attitude des Israéliens à l'égard des Arabes résulte d'habitudes mentales profondément enracinées. Tant que ces structures prédomineront dans le conscient et l'inconscient de l'Israélien moyen, toute nouvelle qui abondera dans leur

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