sens sera absorbée et les renforcera, tandis que tout ce qui ira dans le sens contraire sera ignoré, rejeté ou pris à la légère, non seulement par le lecteur, mais aussi par le journaliste et son rédacteur en chef.

Il faut donc briser ces structures mentales, et le seul moyen de le faire, c'est d'en créer de nouvelles pour remplacer les anciennes, qui naîtront d'événements si retentissants que les vieilles idées ne pourront que leur céder le pas.

Qu'est-ce que je suggérais? Cette conversation se déroulait près de trois ans avant la visite historique d'Anouar Al Sadate à Jérusalem: je ne pouvais donc pas la citer en exemple, comme je le fis par la suite. Mais j'avais préparé une liste de possibilités, grandes et petites, dont voici la plus importante: me faire inviter par Arafat à Beyrouth, où il me rencontrerait publiquement. Est-ce que j'oserais y aller? Oui, j'oserais. Ne serais-je pas arrêté à mon retour et passé en jugement? Probablement. Mais le procès serait en lui-même un instrument puissant pour parler à l'opinion publique en Israël et dans le monde arabe et faire circuler de nouvelles idées.

Je savais que ma suggestion était utopique, en tout cas follement prématurée. J'avais donc préparé quelques propositions plus modestes. Pourquoi ne pas demander à Arafat de répondre par écrit à une série de questions qui seraient publiées en Israël? Pourquoi des représentants de l'OLP ne rencontreraient-ils pas publiquement un groupe d'Israéliens quelque part en Europe, pour discuter de l'avenir? Et ainsi de suite, toutes les idées que j'avais retournées dans ma tête depuis si longtemps.

Il s'empressa de modérer mon enthousiasme. Les choses mettent du temps, elles doivent passer par un processus de maturation. Ce qui serait peut-être possible demain ne l'était pas encore aujourd'hui.

- Ce serait plus facile si vous étiez membre du gouvernement israélien.

C'était un véritable cercle vicieux. Il nous fallait des signes manifestes de modération de la part de l'OLP pour

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