- Pas possible! s'exclame-t-il. C'est pourtant la vérité.

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Lors de mes nombreuses rencontres avec Hammami, nous en venions inévitablement à parler de lui. Il était tout à fait impossible de séparer l'histoire de l'OLP, ou même de son peuple, de la sienne. C'est l'histoire typique d'un réfugié, d'un militant, d'un activiste politique, et finalement, d'un martyr palestinien.

Toute sa vie avait été assombrie par une journée terrible. Il avait alors sept ans. Il ne se souvenait pas du jour exact, mais c'était en mai 1948.

Pour les Israéliens, ce mois a une signification particulière: c'est le 14 mai 1948 que l'État d'Israël a officiellement vu le jour. Mais pour Saïd Hammami, ce mois a été celui de la tragédie.

La ville arabe de Jaffa était tombée. Des milliers de ses habitants, les possédants en tête, avaient déjà fui par la terre ou par la mer avant l'encerclement final de la ville par les forces de la Haganah et de l'Irgoun.

Adel Hammami, lui, ne s'était pas enfui. C'était un citoyen respecté, membre du conseil municipal, propriétaire d'une grande maison dans le quartier de Djebalja et d'autres biens. Il avait décidé de rester.

Un matin, une escouade de soldats de la Haganah se présenta à la porte. Le chef annonça que la famille

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