marqué, non parce qu'il avait été torturé physiquement, mais parce qu'on l'avait humilié. Ce jour-là, il fit un choix irrévocable: je suis un Palestinien, pas un Syrien, ni un Jordanien, ni un Libanais. Un Palestinien.

Il lui en était aussi resté une haine tenace pour les Syriens.

De nombreux Palestiniens portent dans leur âme la marque de semblables incidents. Ghassan Kanafani, le grand écrivain palestinien, qui a été tué par des agents israéliens à Beyrouth, raconte dans un de ses livres l'histoire d'un Palestinien qui est traité avec la même violence par un policier libanais.

Hammami avait sept ans quand il fut déporté de Jaffa, et vingt-deux ans quand survint le deuxième événement qui bouleversa sa vie. Cette fois il se souvenait de la date: le 17 juillet 1963.

L'union de la Syrie et de l'Égypte avait déjà sombré. Les jeunes Palestiniens s'étaient détournés du Baas. Ils sympathisaient avec Gamal Abdel Nasser, qui était violemment attaqué par les nouveaux régimes du Baas à la fois à Damas et à Bagdad.

Ce jour-là, les Palestiniens prirent d'assaut le quartier général de l'état-major à Damas. Le régime contre-attaqua, et gagna. Il y eut des exécutions en masse de soldats palestiniens.

Ce bain de sang eut raison des derniers espoirs que les jeunes Palestiniens plaçaient dans une nation arabe qui engloberait toute la région. Un fossé s'ouvrit entre eux et les pays arabes, qui n'a jamais été comblé depuis.

Hammami adhéra au mouvement du Fath, qui avait été fondé quelques années plus tôt par Arafat et ses collègues. Avant tout, le Fath voulait dégager la cause palestinienne de la « tutelle » des pays arabes. Le temps était venu pour les Palestiniens de prendre leurs décisions eux-mêmes.

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