nienne, ils avaient infligé une défaite aux Israéliens réputés invincibles. Pour eux, c'était aussi le baptême du feu.

En 1972, Hammami fut nommé représentant de l'OLP à Londres. Jusque-là il avait servi brillamment dans l'armée du Fath et ailleurs, comme tant d'autres. Mais dans son nouveau poste, son intelligence et sa vivacité d'esprit avaient attiré l'attention de Yasser Arafat, et il était devenu l'un des brillants jeunes gens de l'entourage d'« Abou Ammar », le nom de guerre que les Palestiniens donnent à Yasser Arafat.

Il me raconta une rencontre mouvementée entre Sadate et Arafat en 1972. Arafat était venu avec une délégation palestinienne, préparé à une épreuve de force avec le président égyptien. Sadate n'avait-il pas promis de lancer une guerre contre Israël pendant « l'Année de la Décision », si celui-ci ne se retirait pas des territoires occupés? Arafat n'avait-il pas été l'un des premiers dirigeants arabes à soutenir Sadate contre ses ennemis intérieurs, au moment où Sadate en avait le plus grand besoin?

Bientôt la discussion s'envenima. Arafat accusait l'Egypte de lâcheté et de déloyauté. Sadate se défendait, son armée était insuffisamment équipée et préparée, prétendaitil. Mais Arafat rejetait cet argument avec mépris.

Soudain, Sadate s'arrêta au milieu d'une phrase, alla vers un petit placard, et en sortit son exemplaire personnel du Coran.

- Vous savez que je suis croyant. Je vous jure sur ce livre que je ferai la guerre! déclara-t-il. Je combattrai quand je serai prêt, mais c'est moi qui déciderai du moment. Faites-moi confiance!

Profondément ému, les larmes aux yeux, Arafat serra dans ses bras le leader égyptien. En 1973, le dixième jour du Ramadan, Sadate remplit sa promesse.

Hammami m'a raconté beaucoup d'anecdotes semblables. Je ne savais jamais s'il s'agissait de scènes auxquelles

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