il avait réellement assisté, ou de récits apocryphes. Il voulait me faire comprendre la mentalité des Arabes. Il pensait que cela m'aiderait à jouer mon rôle en faveur de la paix.

Pour Hammami, la réalité était qu'il existait maintenant deux entités nationales: les Juifs israéliens et les Arabes palestiniens. Elles n'avaient pas d'autre choix que de se reconnaître mutuellement. Et il fallait qu'elles trouvent une solution entre elles, sans interférence étrangère, qui serait basée sur la coexistence des deux Etats, Israël et la Palestine.

En même temps, Hammami découvrait qu'en Israël, des gens cultivaient les mêmes idées. Il me dit:

- Un jour, alors que je me trouvais dans un bureau du gouvernement jordanien, je suis tombé sur un exemplaire de Hazah al Alam (l'édition arabe de Haolam Hazeh qui parut pendant quelque temps). Il contenait votre lettre ouverte à Yasser Arafat. Je fus stupéfait de constater qu'il y avait des Israéliens pour préconiser des négociations avec l'OLP, dans le but d'établir la paix.

Aussi, chaque fois que Menahem Begin et les autres me lançaient, au cours de débats passionnés à la Knesset, la question ironique qui n'allait pas tarder à devenir un refrain:

- Où sont donc les Avnery arabes?

Je répondais:

- Ils existent.

Mais je ne pouvais pas citer de noms.

Quand Saïd Hammami fit enfin surface, avec ses deux articles du Times de Londres, je me sentis comme un capitaine qui aperçoit pour la première fois le sous-marin avec qui il a été en contact sonar depuis quelque temps.

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