Après la guerre de 1948, David Ben Gourion et tous les dirigeants israéliens ont cru que le peuple palestinien avait cessé d'exister. Le nom de Palestine avait disparu de la carte. Israël avait annexé la plus grande partie de son territoire. Presque tout le reste, appelé Rive Ouest (du Jourdain), était annexé par la Jordanie. La région côtière proche de l'Égypte, appelée bande de Gaza, était occupée par les Égyptiens, sans être officiellement annexée.

Tout de suite après la guerre se produisit un petit épisode qui passa presque complètement inaperçu. Les Nations Unies avaient créé un comité de réconciliation qui tenait audience à Lausanne, en Suisse. Une délégation se présenta, qui représentait officiellement les réfugiés palestiniens, mais qui en fait était une sorte d'équipe officieuse de négociation. Ce groupe, dont faisait partie l'avocat de Ramallah Aziz Shidaheh, s'adressa au délégué israélien, Eliahu Sasson, pour lui dire que les Palestiniens étaient prêts à faire la paix avec Israël. Après avoir consulté son gouvernement, Sasson les repoussa sans ménagements. Israël ne voyait pas l'intérêt de négocier avec des gens qui ne représentaient aucun gouvernement. Il ne négocierait qu'avec le roi de Jordanie.

J'essaierai d'expliquer plus loin pourquoi Israël est tellement obsédé par le régime hachémite d'Amman, idée fixe qui joue toujours un si grand rôle dans la manière de penser et la diplomatie israéliennes. A cette époque, les raisons du comportement de Ben Gourion étaient claires. Il pensait qu'il serait facile d'effacer l'identité nationale palestinienne, ce qui servirait les intérêts d'Israël, tels que lui, Ben Gourion, les concevait. Les Palestiniens avaient refusé le plan de partage de l'ONU de 1947, et ils avaient ouvert les hostilités pour empêcher son exécution. Ils avaient perdu cette guerre. En conséquence, raisonnait Ben Gourion, ils n'existaient plus. C'était naïf.

Ce furent des années sombres pour les Palestiniens. Seul le royaume jordanien leur avait accordé la citoyenneté, pour consolider l'annexion qui avait été imposée à quelques notables rassemblés à Jéricho. Partout ailleurs, les Palesti¬

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