niens étaient des apatrides, privés de tout droit civique et même humain. Comme le fantôme du père d'Hamlet, ils hantaient le Moyen-Orient.

Pendant les années cinquante, le monde arabe fut tiraillé entre deux concepts contradictoires, celui de kawmia, une nation arabe unique, dans un grand ensemble unifié, et celui de watan (patrie), qui met l'accent sur les nations arabes dans leurs frontières politiques existantes. Les Palestiniens, naturellement, embrassèrent avec enthousiasme la première idée, défendue par les partisans du Baas, et plus tard, par Gamal Abdel Nasser. Qu'avaient-ils à perdre de toute manière? Dans une grande nation, dans un grand Etat, ils pourraient devenir les égaux des autres Arabes.

Au cours de la guerre du Sinaï de 1956, quand Israël occupa la bande de Gaza, les Palestiniens tentèrent d'y organiser une guérilla. A l'époque le commandant de Gaza était un officier israélien du nom de Mattitiyahu Peled, qui jouera un rôle capital dans ce récit. C'est à cette occasion qu'il fut confronté au problème palestinien et décida d'étudier l'arabe.

Bientôt Gaza, avec le Sinaï, retourna sous domination égyptienne, ce qui mit fin au rêve de guérilla palestinienne à cet endroit. Abdel Nasser, qui avait vaincu la GrandeBretagne, la France et Israël et reconquis tout le territoire sans tirer un seul coup de feu, devint l'idole des masses arabes, en particulier des Palestiniens. Quand la République Arabe Unie d'Égypte et de Syrie se forma, il sembla que le rêve d'un État pan-arabe commençât à se réaliser.

Mais bientôt cet espoir s'effondra. Le 28 septembre 1961, l'union égypto-syrienne était dissoute. Les Syriens, se souvenant de leur propre identité, chassèrent les Égyptiens de chez eux.

Le parti Baas prit le pouvoir en Syrie et en Irak, et une violente propagande opposa l'Égypte et ces deux pays. Les nationalistes palestiniens ne croyaient plus au Baas. Même Georges Habache, qui avait été l'un des premiers à ranimer le mouvement palestinien, se tourna vers Nasser.

C'est dans ce contexte que se déclencha la révolte des

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