son armée dans le Sinaï, dont il expulsa les forces des Nations Unies, et annonça la fermeture du détroit de Tiran. Israël entra alors en guerre, et occupa tout le reste de la Palestine, ainsi que les hauteurs du Golan et le Sinaï *.

Après cette guerre, Israël laissa passer l'occasion historique de faire la paix avec le peuple palestinien, comme je l'ai déjà dit plus haut. Une nouvelle phase du conflit entre Israël et les Palestiniens avait commencé.

La guerre des Six Jours avait eu deux conséquences de taille, qui à l'époque sont passées inaperçues en Israël. Tout d'abord, pour la première fois depuis 1948, tous les anciens territoires de la Palestine étaient regroupés sous un seul gouvernement, celui d'Israël. Trois branches de la famille palestinienne étaient réunies: les Arabes de la Rive Ouest, de la bande de Gaza, et d'Israël. Deuxièmement, le Fath était la seule force arabe à n'avoir j>as essuyé la honte de la défaite. Le prestige des armées d'Egypte, de Jordanie et de Syrie était anéanti. Seuls les guérilleros du Fath (les terroristes, pour les Israéliens) continuaient à se battre. Pour de nombreux Arabes, ils étaient les seuls à défendre leur honneur. Les concepts d'honneur et de honte, comme on l'a souvent dit, jouent un grand rôle dans la conscience et la tradition arabes, tout comme ceux d'innocence et de culpabilité dans la culture européenne.

La bataille de Karameh, en mars 1968, rehaussa encore le prestige du Fath. Pour les Israéliens, ce n'était qu'une sortie de plus, plutôt manquée. Mais pour les Arabes, il s'agissait d'une bataille de premier plan, au cours de laquelle les forces palestiniennes avaient remporté une victoire éclatante sur les Israéliens. Après la déconfiture des Six Jours, le moral des Arabes remonta au beau fixe, sans parler de celui des Palestiniens, en particulier de ceux qui s'étaient trouvé sur place, comme Arafat, Hammami et Sartawi.

Désormais, dans la mythologie du Fath, la victoire de Karameh fut comparée à celle de Yarmouk (en 636, quand

* Les événements ayant entraîné cette guerre ont été décrits en détail par l'auteur dans son livre Israël sans Sionisme.

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