Le caractère palestinien, d'une part, et la nécessité, d'autre part, expliquent ce phénomène. A cet égard, comme à tant d'autres, on peut établir un parallèle entre l'expérience sioniste et celles des Palestiniens. La démocratie israélienne s'est formée au sein du mouvement sioniste, bien avant la naissance de l'Etat d'Israël. Les congrès sionistes, parlements en exil, ont fondé une tradition démocratique. Les membres du mouvement sioniste n'étaient pas des individus, mais les différents partis sionistes. Avant chaque congrès, on procédait à des élections, par ailleurs plutôt suspectes. Le droit au vote était acquis avec le shekel sioniste, comme on appelait alors la cotisation. La tradition ainsi créée persista en Israël. Aux yeux de certains, cela tient du miracle, si l'on considère que presque tous les nouveaux immigrants venaient de régimes dictatoriaux, que ce soit de l'Est ou de l'Ouest, ou ont grandi sous la dictature coloniale du mandat britannique en Palestine.

L'OLP, elle, est composée d'organisations membres, qui nomment les délégués au Conseil national palestinien. Ces organisations sont dispersées dans tout le MoyenOrient. Hormis ceux qui résident en Occident, pas un seul des quatre millions et demi de Palestiniens ne vit dans un pays libre, n'est libre de voter, de tenir un débat politique, ou de former librement une association.

En dehors du mini-Etat du Sud Liban, qui a eu une existence éphémère, l'OLP n'a jamais pu exercer son autorité politique nulle part. Aucun dirigeant palestinien ne peut imposer sa volonté à son peuple, comme le font partout les dictateurs arabes, ni ne dispose de forces de police, de prisons, ou d'une presse enchaînée et servile.

Ce qui signifie que les décisions ne peuvent être prises que par une sorte de consensus. Le processus est long. Il faut expliquer les lignes d'action à une foule de gens dans de nombreux pays, sous l'œil de régimes hostiles et de leurs polices secrètes. La démarche est encore plus malaisée à la session du Conseil national, dont les membres viennent de « circonscriptions » largement dispersées, très éloignées à la fois géographiquement et politiquement. Le côté positif de

73