La guerre du Kippour avait créé une nouvelle conjoncture, et les Palestiniens sensés comprirent qu'il était temps de se fixer des objectifs réalistes. Saïd Hammami obtint le feu vert d'Arafat pour sa déclaration dans le Times. Pour la première fois, il admettait l'existence de l'État d'Israël comme un fait patent au Moyen-Orient, et annonçait que le but de son peuple était d'édifier «un nouvel État de Palestine qui entrerait dans la communauté des nations». Dans son second article, Hammami reconnaissait non seulement l'État d'Israël mais aussi la nationalité israélienne. Il écrivait: « Je pense que le premier pas dans cette direction devrait être une reconnaissance mutuelle des deux parties. Les Juifs israéliens et les Arabes palestiniens devront se reconnaître en tant que peuples, avec tous les droits que cela implique. » Ce qui signifiait bien sûr le droit à l'autodétermination, à un État, les droits mêmes que les Palestiniens revendiquent, et qu'en conséquence ils doivent concéder aux Israéliens.

Hammami n'aurait pas pu publier ses déclarations et rester le représentant officiel de l'OLP à Londres s'il n'avait pas été pleinement soutenu par Arafat. Comme Sartawi par la suite, c'était un pionnier, qui allait de l'avant, avec l'appui de ses supérieurs, mais qui prenait aussi des initiatives personnelles. Il y avait encore beaucoup à faire pour que ces idées se transforment en un consensus approuvé par le mouvement tout entier, ou du moins par sa grande majorité.

En juin 1974, le Conseil national palestinien réuni au Caire adopta un programme en dix points, dont la phraseclé, qui marquait un véritable tournant dans l'évolution de l'OLP, était le paragraphe 2: « L'OLP combattra par tous les moyens, et d'abord par la lutte armée, pour libérer la Palestine et établir l'autorité nationale, militaire et indépendante du peuple sur toute partie du territoire qui aura été libérée. »

Il est préférable de décoder cette phrase pour mieux la comprendre.

Les mots « autorité nationale » ont été choisis pour

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