juste appréciation de ce qui était politiquement possible à un moment précis.

- Plus tard, plus tard! Il est encore trop tôt! Soyez patient! objectait-il.

Il accepta cependant de soumettre toute cette liste de propositions à Yasser Arafat. Nous décidâmes qu'entretemps j'enverrais une lettre à Lord Caradon, qui n'était pas en Angleterre à ce moment-là, pour lui demander discrètement s'il serait prêt à inviter les deux parties à notre conférence. J'envoyai cette lettre de Tel-Aviv le 2 novembre

1975.

En dernier lieu, nous tombâmes d'accord pour ressortir de l'ombre le discours de mars d'Hammami. Notre Conseil lui enverrait une longue liste de questions, apparemment pour clarifier plusieurs points de son projet de paix. Si ses supérieurs l'y autorisaient, il répondrait à ces questions dans une lettre adressée au Conseil. Celle-ci constituerait une reconnaissance de facto d'une organisation israélienne par l'OLP, et nous permettrait d'attirer l'attention du public en Israël sur la nouvelle ligne de l'OLP. Je rédigeai ce questionnaire quelques jours plus tard, et le lui envoyai par l'intermédiaire d'un bon ami, Edward Hodgkin, rédacteur en chef du Times.

Nous parlions, marchions, plaisantions, contents d'être ensemble et peut-être inconsciemment grisés par les dangers qui planaient sur nos rencontres. Saïd Hammami désapprouvait ma façon de regarder les jolies filles dans la rue. Il était très conservateur sur ce point. Il ne pouvait pas regarder d'autres femmes, disait-il, car il était amoureux de la sienne, Khalida, qui était née à Jérusalem. Un jour, nous avions rendez-vous pour aller déjeuner dans un restaurant oriental. En chemin, dans une boutique, il plaisanta avec des commerçants juifs qu'il connaissait, et me présenta comme « un de leurs compatriotes d'Israël ». Ils étaient interloqués. En les quittant, il leur lança un «chalom!» désinvolte.

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