C'était déjà beaucoup. Mes rencontres, automatiquement, devenaient légales, si l'on se référait aux termes un peu flous de la loi. D'autre part, il me donnait l'occasion d'essayer de le faire changer d'avis sur la solution au problème palestinien.

Il m'expliqua son refus de rencontrer Arafat ou de mener une forme quelconque de négociations, ou même de dialogue, avec l'OLP. En fait, son raisonnement était logique. Si on faisait le premier pas dans cette voie, il fallait être prêt à en accepter la conséquence ultime, inévitable: la création d'un État palestinien. Si on ne voulait pas atteindre cet objectif - et il ne le voulait certainement pas - il aurait été stupide de s'engager dans cette direction.

C'est ainsi que, très tôt dans la discussion, nous en arrivâmes au point crucial du problème: l'établissement d'un État palestinien serait-il favorable ou défavorable, à long terme, aux intérêts d'Israël?

J'utilisai tous les arguments que je pus rassembler. Une paix ne tenant pas compte de la volonté de quatre millions de Palestiniens n'avait aucune chance de durer. Du point de vue de la sécurité, il était moins dangereux de faire la paix avec le peuple palestinien qu'avec le régime dictatorial d'Amman, fondamentalement instable.

Rabin, lui, soutenait que les Palestiniens ne feraient jamais la paix avec Israël, que lorsqu'ils prétendaient le contraire, ils mentaient. En prônant des négociations avec eux, je les aidais à gagner de la légitimité dans l'arène internationale. C'est un argument que je devais souvent entendre par la suite.

Il se ne faisait aucune illusion quant à l'allégeance des Palestiniens. Contrairement à la plupart des hommes politiques israéliens, il reconnaissait en privé que la majorité du peuple palestinien considérait l'OLP comme son organisation dirigeante. Il ne voyait pas l'intérêt d'essayer d'installer un gouvernement collaborateur sur la rive Ouest. Il ne pensait même pas que le roi Hussein survivrait longtemps.

- Nous avons besoin de lui pour signer un traité de

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