Moyen-Orient. Ils offriront alors un État palestinien à l'OLP, sous une forme quelconque, pour les récompenser de quitter le camp soviétique et d'entrer dans le camp américain. Après ma conversation avec Hammami, je suis persuadé que l'OLP sautera sur l'occasion. Ce ne sont pas des communistes. Comme vous l'avez souvent dit, vous croyez que les intérêts israéliens se confondent avec ceux des Américains au Proche-Orient. Si les Américains reconnaissent l'OLP et passent un accord avec elle, il faudra bien que vous les imitiez. Alors pourquoi attendre?

J'eus l'impression - ce n'était qu'une impression - que c'était le seul argument qui avait porté. Rabin est le plus proaméricain des hommes politiques israéliens. Il était encore plus sceptique que ses collègues sur les possibilités d'une paix réelle. Il était donc convaincu que la sécurité d'Israël, peut-être pour des générations à venir, dépendait totalement des États-Unis. Pour lui, tout succès américain était automatiquement une victoire israélienne, et inversement, tout revers américain constituait une défaite pour Israël.

L'attitude de Rabin illustre bien celle de la grande majorité des Israéliens de toutes tendances.

Cela peut s'expliquer de plusieurs manières.

L'option jordanienne a tenté l'establishment israélien depuis longtemps. En effet, Israël croit qu'avec l'aide des Jordaniens, il pourrait éviter d'avoir à affronter le problème palestinien, refus qui provient soit d'une répugnance à rendre la rive Ouest et la bande de Gaza, soit d'une profonde incrédulité quant aux chances de réconciliation avec les Palestiniens, ou encore des deux.

Moshé Dayan était le parfait représentant de cette double attitude. Le jour de ses quarante et un ans, il prononça un discours demeuré célèbre sur la tombe d'un de ses amis, tué à la frontière de la bande de Gaza quelques mois avant la guerre du Sinaï de 1956. Il y disait:

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