Dans ma conférence de presse, je parlai surtout de ce qui allait se passer dans un avenir immédiat.

Le Conseil de Sécurité se préparait à ouvrir un nouveau débat sur le Moyen-Orient. Les Arabes espéraient en voir sortir une résolution demandant la participation de l'OLP à une nouvelle conférence de Paix à Genève portant sur le Moyen-Orient. Mais ils craignaient que les Etats-Unis, sous la pression israélienne, n'opposent un veto à cette résolution. Pour l'éviter, il fallait que celle-ci soit aussi anodine que possible.

- Nous soumettrons une résolution qui sera si modérée que les Américains n'oseront pas y opposer leur veto, me promit Hammami au téléphone.

A Moscou, les Soviétiques et Arafat s'étaient déjà mis d'accord pour réunir à nouveau la Conférence de Genève, « avec la participation de toutes les parties sur une base d'égalité ». Ce qui voulait dire, bien sûr, avec la participation de l'OLP.

La veille de ma conférence de presse, Hammami me dit que je pouvais annoncer, toujours en citant « des sources proches de l'OLP », que celle-ci était prête à reconnaître Israël de facto, en échange d'une invitation à Genève. Les deux démarches devraient se faire simultanément. L'Union soviétique était aussi prête, dans ce cas, à reprendre les relations diplomatiques avec Israël, qui avaient été interrompues par Moscou pendant la guerre des Six Jours - ce qui contrariait beaucoup les Israéliens.

Je compris qu'il s'agissait en fait d'un message qu'Arafat voulait transmettre à Rabin par mon intermédiaire et celui d'Hammami. J'appelai donc le secrétaire du Premier ministre et lui demandai d'en prendre note et de le faire connaître aussitôt à Rabin. Grâce à ma conférence de presse, il bénéficia d'une large publicité dans les médias.

Toutes les circonstances étaient propices, mais rien n'en résulta. Les Arabes soumirent une résolution modérée, avec l'approbation silencieuse de l'OLP, mais les États-Unis y opposèrent leur veto. Israël boycotta les séances, parce que le

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