idées très voisines des miennes. En Israël, les généraux et les ex-généraux jouissent d'une grande estime, et l'opinion d'un ex-général (ou plutôt d'un général de réserve, car les généraux ne sont jamais officiellement libérés de leur fonctions dans l'armée israélienne) qui se déclare ouvertement pour la paix a beaucoup de poids.
Je lui parlai de mes contacts et lui demandai de tenir un rôle de premier plan dans le Conseil. Il accepta.
Comme Rabin, avec qui il avait servi à l'état-major général, Matti est quelqu'un d'introverti. Il déteste les mondanités et possède un esprit incisif. En 1974, Matti soutenait la cause américaine au Vietnam, et rejetait catégoriquement toute idée de traiter avec l'OLP. Mais un an et demi plus tard, après avoir mûrement réfléchi, il en était arrivé à la conclusion qu'il fallait reconnaître l'OLP comme le seul représentant authentique des Palestiniens, et qu'Israël devait adopter une politique de non-alignement.
Matti fut suivi par David Shaham, l'ancien rédacteur en chef de l'organe mensuel du parti travailliste, qui s'était querellé avec Golda Meir à propos de presque tous les aspects de sa politique et avait quitté le parti. Il amenait avec lui deux personnages importants, Eliahu Eliashar et Arieh Eliav.
Eliashar était l'ancien président de la Fédération mondiale Sépharade, organisme qui représente toutes les communautés juives méditerranéennes et proche-orientales. C'était un homme de l'ancienne génération, qui toute sa vie avait eu affaire à des Palestiniens, un ex-officiel du régime du mandat britannique, et une personnalité très respectée. En adhérant au Conseil et en devenant son président honoraire, il ajoutait beaucoup à sa « respectabilité ». Dans un pays où toute sympathie pour une solution israélopalestinienne est automatiquement confondue avec l'extrémisme de gauche - pour des raisons difficiles à expliquer ou même à comprendre - l'image libérale, droite modérée, d'Eliashar aidait à rétablir l'équilibre. Jusqu'à sa mort il fut un ardent défenseur du Conseil.
Arieh Eliav, que tout le monde appelait Lova, venait