d'un tout autre horizon. Il avait longtemps été conseiller de Levi Eshkol, et s'était fait un nom en tant qu'organisateur de plans de développement régionaux. Il était devenu ministre suppléant et secrétaire général du parti travailliste, mais il s'était rapidement brouillé avec Golda Meir, quand elle était devenue chef du parti et du gouvernement. C'est un homme très émotif, plus sensible aux climats qu'aux raisonnements, plus enseignant que politique, et imprégné du pathos du mouvement sioniste socialiste des débuts. D'une certaine manière, il est l'exacte antithèse de Matti Peled.

Depuis la guerre des Six Jours, Lova s'était progressivement rapproché de la solution israélo-palestinienne. A la Knesset, il était de ceux qui avaient coutume de m'encourager et de me féliciter en privé quand je soumettais des projets de résolution en faveur d'un État palestinien, même s'il ne votait pas pour eux ou ne les soutenait pas ouvertement. Il avait même écrit un livre pour vanter l'éthique de cette solution, essayant de prouver que non seulement elle était compatible avec le sionisme classique, mais qu'en fait elle représentait l'aboutissement des idées sionistes de base. Ayant échoué à convaincre le parti travailliste, il démissionna, écœuré, en 1975. Le Conseil recruta aussi le Docteur Jacob Arnon, un économiste originaire de Hollande, qui avait été le directeur général du ministère des Finances israélien, après avoir servi, en se faisant passer pour chrétien, le régime de collaboration hollandais pendant l'occupation nazie. Meir Pail, un ancien colonel et le seul représentant d'un petit parti de gauche à la Knesset, se joignit aussi à nous, de même que beaucoup d'autres. Nous décidâmes que la séance de fondation aurait lieu le 10 décembre 1975.

Le nouveau comité exécutif du Conseil s'attela à la tâche de rédiger un nouveau manifeste, qui édulcorerait un peu le document original que j'avais composé avec Yossi Amitaï. La nouvelle version fut publiée dans la presse, la dernière semaine de février 1976, avec les signatures de cent Israéliens de renom.

Il disait:

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