Juifs pour les envoyer en Israël, et qu'ainsi ils avaient renforcé l'Etat sioniste.

Une remarque que je fis le frappa: si Nasser avait réussi à unifier le monde arabe en un seul État pan-arabe, le peuple palestinien aurait probablement cessé d'exister et se serait mêlé aux autres peuples. Pourtant c'était Israël qui le premier avait contrecarré la démarche de Nasser en faveur de l'unité arabe, provoquant ainsi, paradoxalement, la renaissance du mouvement nationaliste arabe.

Il n'avait que du ressentiment à l'égard des Syriens, tandis que pour les Israéliens, il avait de la rancune mêlée d'admiration.

Israël, disait-il, gagnerait toujours la guerre. Mais à la fin, le pays serait exsangue, et le Moyen-Orient serait un cimetière. A quoi bon tout cela? Il me précisa qu'il répétait une remarque faite par Yasser Arafat lui-même.

Quelle avait été la réaction à la constitution du Conseil israélien? Pourquoi l'OLP n'avait-il pas publiquement salué sa naissance? Et pourquoi, d'ailleurs, Hammami n'avait-il pas répondu au questionnaire que je lui avais envoyé, comme il l'avait promis la dernière fois?

- Patience, me répondait-il, comme d'habitude. C'est un processus qui prend du temps. L'OLP ne peut pas reconnaître Israël sans le soutien de l'Égypte et de la Syrie. Et l'intransigeance israélienne rend les choses encore plus difficiles. Les extrémistes arabes rejettent la responsabilité sur les extrémistes israéliens, et vice versa. Comme d'habitude, la coopération automatique entre les faucons des deux camps fonctionne à merveille.

- Nous avons une formule en arabe: on peut toujours compter sur l'extrémisme israélien! me dit Hammami.

Il fut étonné d'apprendre que nous disions la même chose en hébreu:

- Notre arme secrète, c'est l'extrémisme arabe.

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